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2. D’avoir du mal à s’adapter

Recherche modernité désespérément

Nicolas Bouzou, Nicolas Colin, Valérie Charolles, Catherine Larrère, propos recueillis par Cédric Enjalbert publié le 17 janvier 2017 10 min

La gauche a-t-elle les moyens, avec ses propres valeurs, de faire face au monde qui vient ? Ou devra-t-elle revoir son « logiciel » ? Enquête.

« Le progrès est devenu un impensé chez les intellectuels, de façon d’autant plus problématique à gauche que c’est elle, historiquement, qui en est porteuse. Une fascination irrationnelle pour le passé nous empêche de concevoir l’avenir autrement que comme une menace », déplore l’essayiste libéral Nicolas Bouzou, auteur de L’innovation sauvera le monde (Plon, 2016). La grande épopée de la modernité, considérant que le progrès technique enclencherait le progrès économique, puis le progrès social et moral, a fait long feu. Les innovations sont aujourd’hui destructrices d’emplois et porteuses d’inégalités. Selon une étude réalisée en 2014 par le cabinet Roland Berger, 42 % des métiers en France sont menacés par l’automatisation et la numérisation de l’économie. L’économiste Joseph Schumpeter (1883-1950) théorisait dans Capitalisme, socialisme et démocratie (1942 ; trad. Payot, 1951) l’idée de « destruction créatrice ». Selon lui, l’innovation entrepreneuriale serait le moteur de la croissance, mais les nouvelles technologies, rendant obsolètes certains emplois, bouleverseraient les marchés existants.

« Une fascination irrationnelle pour le passé nous empêche de concevoir l’avenir autrement que comme une menace »

Nicolas Bouzou, essayiste

Nicolas Bouzou poursuit cette thèse : « La gauche peine à gérer cette “destruction créatrice” car elle est incapable de tenir un discours politique sur ces innovations. La situation idéologique est exactement l’inverse de celle que connaît Mary Shelley lorsqu’elle écrit Frankenstein ou le Prométhée moderne [1818] pour contrer les visions trop positives de la technologie. Il nous faudrait aujourd’hui un anti-Frankenstein car le balancier penche excessivement dans le sens inverse. Si vous vous contentez de dire au chauffeur de taxi ou au moniteur d’auto-école dont l’emploi est menacé : “Désolé, mais on est contraint de te sacrifier sur l’autel de la croissance schumpétérienne”, vous l’envoyez directement dans les bras de Marine Le Pen ! L’incapacité à tenir un discours inclusif sur le progrès, qui ne table pas uniquement sur la peur et le ressentiment mais qui défende une “société ouverte”, crée un vide rapidement comblé par un récit concurrent très efficace et dangereux : le nationalisme. »

 

Vers l’autonomie de l’individu

Longtemps pourtant les courants de gauche hérités des Lumières ont porté cet idéal progressiste, indissociablement économique et politique, reposant sur la défense de l’individu contre le pouvoir absolutiste et des libertés individuelles contre les privilèges. Le Contrat social et la notion d’économie de marché naissent d’ailleurs simultanément. Pour le philosophe Gaspard Koenig, fondateur du think-tank Génération libre, « il y a toujours eu une tradition libérale de gauche, depuis Proudhon, premier représentant du libéralisme social, en passant par Jaurès, Blum, jusqu’à Bérégovoy et aujourd’hui Emmanuel Macron. Le libéralisme a dès l’origine un versant social ». Lui qui prédit la disparition du clivage droite-gauche en faveur d’un clivage entre société ouverte et société close défend une ligne philosophique inspirée par Philippe Van Parijs, promoteur du revenu universel et figure de proue du courant réal-libertarien. Il s’agit pour lui d’ajouter « de la liberté réelle à un système libertarien, ce qui implique un rôle interventionniste de l’État – ce que j’appelle le jacobinisme libéral. J’imagine ainsi substituer à la notion abstraite de liberté celle d’autonomie. Dans le débat politique, la division entre Fillon et Macron recoupe grossièrement une division entre un libéralisme classique, reposant sur une conception négative de la liberté – faire tout ce qui ne nuit pas à autrui – et une version plus “réal-libertarienne” avec Macron, incluant une dose de liberté réelle, qui offre à l’individu le moyen de réaliser ses choix ». L’aboutissement du libéralisme ne peut donc pas aller, selon lui, sans une allocation universelle, qui garantirait à chacun un revenu minimum et un peu plus qu’un filet de sécurité, puisqu’elle devrait permettre d’accompagner un choix de vie.

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