Le décryptage

Relations de bon voisinage

Octave Larmagnac-Matheron publié le 2 min

Parmi les Français,
94 % discutent avec leurs voisins
77 % échangent des services
69 % font des visites de convivialité
Ils se rendent chez leurs voisins 
56 % des ouvriers non qualifiés
79 % des cadres du secteur culturel
Ils tissent des relations avec des personnes issues…
Du même groupe socioprofessionnel  > 44 %
Du même sexe > 72 %
Parmi les sujets de conversation abordés entre voisins…
84 %  le cadre de vie
83 %  la météo
48 % la politique et la religion
Pour les Français, La notion de « voisin » s’étend à l’ensemble…
De l’immeuble > 31 %
De la rue > 16 %
Du quartier > 26 %

 

« Les pratiques de voisinage apparaissent étonnamment stables » dans le temps : telle est la con­clusion du rapport « Mon quartier, mes voisins » récemment publié par l’Institut national d’études démographiques. Les trois quarts des Français affectionnent leurs relations de voisinage. Mais ce plébiscite ne doit pas faire oublier les clivages : ainsi les catégories les plus aisées et les plus diplômées sont davantage susceptibles de nouer des relations avec leurs voisins. Ces relations se fondent donc souvent sur une proximité de condition mais aussi de goûts, de rythmes et de modes de vie… À ce titre, 40 % des relations des cadres se font avec des cadres, 32 % avec des professions intermédiaires ou indépendantes, et seulement 20 % avec des ouvriers. La relation de voisinage est « moins répandue chez les jeunes (18-29 ans), les personnes vivant seules, les locataires et les nouveaux venus (moins de deux ans) ». Et elle ne va pas sans une certaine animosité : 86 % des Français se plaignent de nuisances de voisinage. Les auteurs de l’étude nuancent : « Les jugements et conflits constituent aussi une forme de relation et font pleinement partie de la sociabilité de voisinage. » L’inimitié et la méfiance potentielles sont en effet constitutives de la relation de voisinage, ce « lien par le lieu » que nous n’avons pas choisi comme le rappelle la philosophe Hélène L’Heuillet, autrice de Du voisinage (2016). Selon elle, « la mitoyenneté n’est pas pacifique en soi », mais elle fait partie de notre condition. « L’existence est en effet précisément ce qui nous fait être à côté de l’autre. Le conflit est un des moyens de souligner la puissance de cette coexistence. » Tout l’enjeu est d’apprendre à vivre à la « bonne distance » de ces autres qui sont « les plus proches des lointains et les plus lointains des proches ». Pourquoi pas en découvrant qu’il est possible, à défaut d’être toujours amis, « de se frôler, tout en évitant de se heurter » ?

Sources : « Mon quartier, mes voisins », étude menée par l’Institut national d’études démographiques, conjointement avec le Centre Max-Weber, et réalisée entre le 14/03 et le 30/06 2021.
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