“Singin' in the rain” : les claquettes au soleil
Succès spectaculaire en 2015, “Singin' in the rain” est repris sous la verrière du Grand Palais, à Paris. Un musical populaire pris au sérieux... jusqu’à renverser nos catégories esthétiques ?
Le souvenir de Gene Kelly sautillant dans les flaques est dans tous les esprits. Son air ne quitte plus l’oreille tout comme Good Morning, siffloté en se remémorant le pas de trois mené avec Debbie Reynolds et Donald O’Connor. C’est que le musical sorti au cinéma en 1952 atteint une forme de perfection. Le scénario a été écrit à quatre mains à partir d’un large répertoire de musiques de film de la Metro-Goldwyn-Mayer. À l’affiche, une star, Gene Kelly, et la production n’a rien laissé au hasard. Les flaques d’eau ont ainsi été minutieusement placées pour optimiser le son des claquettes, tandis que Kelly a doublé les numéros de Reynolds, pour en améliorer la précision. Dans ce film globalement très équilibré, chaque scène est le fruit d’un travail méticuleux sous des airs de spontanéité. Dans un livre sur L’Art difficile de Claude François, le philosophe Philippe Chevallier dresse un éloge de cette « forme moyenne ». Il réhabilite Clo-Clo en défrichant cette « zone grise » à laquelle la chanson populaire a été reléguée. La comédie musicale a elle-même longtemps été déconsidérée comme un divertissement de seconde classe, un sous-genre. Car le chef-d’œuvre impose « sa loi sévère sur tout le reste ». Pour le philosophe, « un certain labeur échappera toujours à la pensée ; et peut-être qu’une absence de labeur – qui est un imaginaire esthétique comme un autre – ne cessera de nous fasciner et [de] guider nos jugements ». Depuis dix ans, le Théâtre du Châtelet donne malgré tout aux opérettes et aux comédies musicales un nouveau souffle. Il a ainsi produit Singin’ in the Rain en 2015, avec un succès justifiant sa reprise sous la verrière du Grand Palais, tandis que le théâtre est en travaux. La direction signée Gareth Valentine et la mise en scène de Robert Carsen prennent au sérieux cette forme ni majeure ni mineure, relevant du travail bien fait. Or, comme l’écrit Philippe Chevallier, cet art moyen est d’autant plus difficile qu’il exige la « constance de métronome ». Sous leur apparente désinvolture, les chanteurs et les danseurs, répétant leur rôle soir après soir, en sont l’incarnation spectaculaire.
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