Thérapie de choc ou médecine douce ?
Face à la crise écologique, certains mettent en accusation la science et la technique. D’autres pensent au contraire qu’il nous faudrait davantage de science et de technique pour lutter contre le réchauffement climatique. Entre technophobie et rêves d’apprenti sorcier, n’existe-t-il pas une troisième voie ?
La planète va plutôt mal ces derniers temps. La température moyenne globale a augmenté de 1,1 °C depuis les débuts de l’ère industrielle, et les événements violents – canicules, incendies, ouragans – se multiplient. C’est comme une montée de fièvre, vouée à se poursuivre quoi qu’il arrive. Maintenant, faisons un test. Parmi ces trois personnages, à qui feriez-vous le plus confiance pour nous sortir de cette crise :
• un ingénieur indien diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT), qui a soutenu son doctorat sur la fusion nucléaire et recherche le moyen de l’utiliser à grande échelle pour la production d’énergie civile ;
• un lanceur d’alerte charismatique et très informé qui, à travers une chaîne YouTube suivie par des millions de followers, informe l’opinion publique sur l’état de nos océans, tout en interpellant les dirigeants sur leurs responsabilités et en organisant des événements militants ;
• le fondateur d’un écolieu viable économiquement, qui expérimente un mode de vie alternatif et des méthodes d’agriculture innovantes, écrit des livres, organise des stages et fait école autour de lui.
Derrière ces trois options, ce sont des stratégies mais aussi des philosophies de l’action différentes qui se dessinent.
Y a-t-il un ingénieur pour sauver Gaïa ?
Si vous avez choisi l’ingénieur indien, c’est sans doute que vous maintenez votre confiance dans la science et la technique. Vous restez attaché au projet formulé par René Descartes dans Le Discours de la méthode (1637) – « se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » – et déplorez seulement qu’il soit resté inachevé, que la rationalité des Modernes ait négligé les équilibres écosystémiques. Pour que l’économie soit vraiment rationnelle, il faudrait qu’elle prenne en compte la limitation des ressources disponibles et leur capacité de renouvellement, qu’elle intègre à ses modèles le véritable coût de la pollution et du retraitement des déchets.
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