La galaxie Dewey

Un homme d’expérience

Victorine de Oliveira publié le 4 min

Dans les États-Unis de l’entre-deux guerres, John Dewey propose une voie philosophique originale : celle du pragmatisme. Cela peut sonner bien terre-à-terre. Mais c’est oublier que l’expérience, au cœur de la philosophie de Dewey, nous reconnecte à l’élan même de la vie.

Ceux qu’il a lus

Emmanuel Kant (1724-1804)

Dewey consacre une thèse à « La psychologie de Kant ». Dewey lui reprochera cependant de faire du monde et de l’être de raison deux entités séparées, sans aucune relation dynamique : « Si nous voyons que le connaître n’est pas l’acte d’un spectateur se tenant en dehors de la scène naturelle et sociale, mais l’acte d’un participant, alors le véritable objet de la connaissance se situe au niveau des conséquences de l’action dirigée. »

Charles Darwin (1809-1882)

Au père de la théorie de l’évolution, Dewey emprunte l’idée d’une adaptation toujours en cours des individus, des citoyens, à leur environnement. La connaissance n’échappe pas à ce mouvement, qui a pour but d’adapter toujours mieux les organismes. « L’Origine des espèces a introduit une manière de penser qui, finalement, ne pouvait que transformer la logique de la connaissance, et ainsi le traitement des questions morales, politiques et religieuses », constate Dewey. 

Herbert Spencer (1820-1903)

Le sociologue anglais applique la théorie de l’évolution au fonctionnement des sociétés, étant considéré en cela comme le fondateur du « darwinisme social ». Dewey récuse toutefois sa lecture de Darwin, notamment parce que Spencer ajoute à l’évolutionnisme une dimension finaliste, un but précis. « L’ajustement continu des activités vitales aux activités du milieu doit devenir plus précis et complet », espère Spencer. Plus fidèle à Darwin, Dewey insiste au contraire sur l’imprévisibilité du phénomène.

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