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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Arras (62), le 13 octobre 2023. Des agents du service médico-légal de la police se tiennent devant le lycée Gambetta, après qu'un enseignant a été tué et deux autres personnes grièvement blessées lors d’une attaque au couteau par un ancien élève fiché “S”. © Ludovic Marin/Pool/AFP

Vers une guerre disséminée ?

Cédric Enjalbert publié le 13 octobre 2023 3 min

« Je n’avais pas prévu d’écrire sur le sujet, mais l’actualité nous rattrape brutalement. Alors qu’un enseignant a été poignardé dans un lycée d’Arras, dans le Nord, à quelques jours de la commémoration de la mort de Samuel Paty et tandis que la situation s’aggrave au Moyen-Orient, comment penser ce déchaînement de violence, qui nous assaille mais reste pourtant difficile à saisir ?

Nous nous sommes réunis à la rédaction, dès que l’information nous est parvenue, apprenant qu’un professeur de lettres avait été tué et deux autres membres du lycée Gambetta d’Arras (62) blessés, victimes d’un ancien élève, pourtant sous surveillance. Aussitôt, trois éléments nous sont apparus. D’abord, difficile de ne pas avoir en tête la commémoration du meurtre de Samuel Paty, lundi prochain – le professeur d’histoire a été assassiné le 16 octobre 2020. Ce rapprochement tient au calendrier mais aussi au profil du meurtrier, d’origine tchétchène, comme l’était Abdoullakh Anzorov, et à ses intentions. Un enseignant de philosophie du lycée témoigne au micro de France 3 Hauts-de-France. “J’ai cherché à intervenir. L’agresseur est revenu vers moi. Il m’a demandé si j’étais prof d’histoire, j’ai l’impression qu’il cherchait un prof d’histoire.” Le deuxième élément renvoie plutôt à une importation et à une extension de l’actuel conflit entre Israël et la Palestine, alors que les autorités craignent un regain général de tensions et la recrudescence d’actes de violence dans l’Hexagone. Le Hamas a en effet appelé ce vendredi à un “jour de la colère”. Troisième élément, enfin : l’exacerbation de la folie meurtrière d’individus fanatisés, animés par un fort désir de vengeance, dans un climat général de crise qui favoriserait le passage à l’acte des individus radicalisés mais isolés. Il est en tout cas frappant que cette violence, dont les foyers nous paraissent multiples, semble à la fois mondialisée (via l’exportation des conflits européens et moyen-orientaux et le dépassement des acteurs étatiques) et moléculaire (par des pratiques terroristes solitaires, imprévisibles, à toutes les échelles de la société et en tous lieux, qu’il s’agisse de l’espace public, du domicile personnel ou de l’école). Je m’explique.

La “guerre civile mondiale”. Elle est évoquée par Carl Schmitt (1888-1985), un juriste et philosophe allemand (compromis avec le nazisme). Dans un article intitulé “Changement de structure du droit international”, il veut rendre compte du nouvel ordre mondial, qui succède à l’affrontement des grandes puissances. Selon lui, nous n’avons plus à faire à une guerre inter-étatique mais à une guerre anomique, sans règle, ni circonscrite par la puissance politique ni limitée au domaine militaire. Elle libérerait des forces incontrôlables. Schmitt identifie alors une nouvelle figure de l’ennemi : celle du “partisan”, ou du terroriste, qui agit hors des codes de “l’hostilité conventionnelle de la guerre”.

La “guerre civile moléculaire”. Il s’agit d’une expression de l’écrivain Hans Magnus Enzensberger (1929-2022). Dans Vues sur la guerre civile, il avance que l’atomisation de la guerre et l’extension de la violence s’étendraient désormais de façon indéterminée, adossées à nul véritable projet (à la différence du partisan animé par une idéologie). Décentrée, parcellisée et privatisée, cette brutalité serait “débarrassée des justifications idéologiques”. Également théoricien du “perdant radical”, du nihiliste qui cherche à se venger mais “s’épuise dans la négation”, Enzensberger considère que nous nous trompons en ayant “l’impression que le combat incompréhensible se déroule très loin de nous”. Pour lui, “il y a longtemps que la guerre civile a fait son entrée dans les métropoles”.

Au croisement de ces deux concepts, il y aurait donc une “guerre disséminée”. Sans succomber à la peur ni croire à la “contagion” de la violence, nous pouvons en effet essayer de qualifier l’esprit du temps, qui nous pousse à identifier et à lier d’innombrables foyers de violence, sur le territoire national et en dehors, en parlant de “guerre disséminée”. À la fois globale et atomisée, elle renverrait ainsi à une fusion des échelles et des acteurs. À ce climat diffus, pouvons-nous résister ? »

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