Puis-je ne pas être l’auteur de mes pensées ?
Analyse des termes du sujet
« Puis-je »
Est-ce possible par rapport à mes capacités personnelles ou en tant qu’être humain ? Est-ce logiquement envisageable ?
« ne pas être l’auteur »
Ne pas être en droit de signer, ne pas pouvoir revendiquer comme étant miennes une proposition ou une création.
« de mes pensées »
Productions de mon esprit, simples représentations subjectives ou raisonnements complexes.
Défrichage
Premières intuitions
Mes pensées semblent a priori m’appartenir : mes souvenirs ne sont pas ceux des autres ; mes goûts esthétiques, mes opinions politiques, mes jugements sur autrui, parfois inavouables, sont, parmi d’autres, des représentations dont j’ai le vif sentiment d’être l’auteur. La subjectivité de ma conscience paraît indubitable.
Pourtant, lorsque je récite un poème de Baudelaire ou que j’utilise une formule mathématique de Pythagore, le contenu de ma pensée ne vient plus de moi seul. Et quand je me laisse entraîner par la foule en répétant un slogan ou quand, la nuit, je parle en dormant, mes pensées me semblent dictées par un autre que moi-même.
Il y aurait donc des pensées dont je suis l’auteur et d’autres pas. Mais selon quel critère les départager ? Est-il possible qu’une partie de mon activité mentale m’échappe de telle sorte que ce que je pense ne me soit pas imputable ?
Exemples qui viennent à l’esprit
La nouvelle fantastique de Guy de Maupassant, Le Horla (1886), plonge le lecteur dans le doute : l’histoire de cet homme qui croit sa maison hantée par une créature invisible qui boit son sang la nuit et finit par le pousser au suicide n’est-elle pas celle d’un fou schizophrène qui ne parvient plus à être l’auteur de ses pensées ?
La Psychologie des foules (1895) du sociologue Gustave Le Bon démontre que la foule a sa propre conscience, de sorte qu’en son sein, l’homme pense différemment que lorsqu’il est seul. Sa pensée devient régressive, dépourvue d’esprit critique, nourrie de slogans et d’images, et impressionnable. La foule est le lieu par excellence où l’homme n’est plus l’auteur de ses pensées.
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