Gare Saint-Lazare
Une recension de Arthur Dreyfus, publié le« Nous n’irons plus jamais où tu m’as dit je t’aime », chante Hervé Vilard. « Je n’irai plus jamais rôder du côté des consignes de la gare », riposte Dominique Fabre, dont le nouveau livre s’élance à la recherche du temps perdu, à partir d’une anodine observation : « Ils ont fermé la pharmacie Bailly, celle qui fait l’angle en bas de la rue de Rome, près de la gare Saint-Lazare. » Qu’importe la madeleine, pourvu qu’elle convoque les fantômes : car de cet anodin, l’auteur tisse bientôt une magnifique symphonie du souvenir. Les escapades de lycée à l’âge où l’avenir se croque en bonbon (« Il ferait peut-être candidat libre, surtout pour le libre, plus que pour candidat. ») y côtoient les tickets de loterie jamais gagnants, un père démissionnaire, une sœur « mettant pas mal de temps pour avoir 18 ans », une amoureuse éclipsée de l’autre côté des rails. Sans oublier un monsieur ne supportant pas qu’on gifle les gosses, un escroc modianesque, ni une super nana : « Elle était vraiment dans la dèche, mais elle avait une classe du tonnerre. » Les personnages de Fabre ont quelque chose de Pessoa et de Jean-Pierre Léaud. Ou d’une chanson de Brassens. « Parole », scande l’auteur, qui peint le monde avec la douceur d’un poète trop humble pour s’octroyer ce titre : « Dans mon esprit, les consignes font bien la paire avec les objets trouvés et la poste restante. » Ou encore : « Une seule ride barrait son front, mais c’était une ride qui lui venait sans doute de l’enfance. »
Enfance qui, peu à peu, devient la destination du trajet. Car si l’on croise des putains, la raison d’être de ce texte est d’abord une maman. De centre du monde, avec ses rues aux noms lointains (Madrid, Lisbonne, Budapest), la gare va se muer en cœur d’une existence, de la banlieue des jeunes années au Paris adulte. Et la photo sépia, en bouleversante élégie pour l’absente : cette mère « toute seule à 22 ans », avec son arsenal d’expressions désuètes, que cela ravissait qu’on la prenne « pour une femme des beaux quartiers », « qui disait ‘‘vous’’ aux hommes et parfois ‘‘tu’’ en secret ». Cette mère qui refusait qu’on l’appelle maman. Au bord du quai, l’écrivain ose lui murmurer : « C’était dur d’éviter de t’appeler comme ça, de temps en temps, même si ça te déplaisait, tu sais ? » On referme ce roman avec une larme dans l’œil et le bonheur d’avoir passé le voyage à côté d’un type bien.
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