Histoire de la philosophie occidentale (2 volumes)
Une recension de Noémie Issan-Benchimol, publié leIl y a deux sortes d’histoires de la philosophie : celles qui font se succéder les systèmes philosophiques comme autant de petites totalités closes, créées ex nihilo, et celles qui se concentrent sur les influences, les héritages, les écoles de pensée. Les deux ignorent souvent l’Histoire tout court. Bertrand Russell (1872-1970) ouvre résolument une troisième voie : mettre l’histoire de la philosophie « en relation avec les événements politiques et sociaux de l’Antiquité jusqu’à nos jours ».
Son Histoire de la philosophie occidentale, introuvable en français depuis 1953 et rééditée aux Belles Lettres, part du principe que « la philosophie n’a pas seulement été une affaire d’écoles ou de discussions entre une poignée d’hommes instruits », mais « qu’elle fait partie intégrale des communautés ». Les philosophes sont à la fois des produits de leur époque et de leur milieu, cristallisant « l’air du temps », et, « s’ils sont heureux », précise Russell, les créateurs des idées et croyances qui « façonneront la politique et les institutions des âges futurs ». C’est d’ailleurs cette conception de la philosophie que Bertrand Russell a toujours pratiquée. Militant pacifiste proche des libertaires, celui qui fut le père de la philosophie analytique anglo-saxonne et prix Nobel de littérature en 1950, a notamment été l’instigateur du Tribunal Sartre-Russell contre les crimes de guerre au Vietnam, prouvant ainsi qu’il n’était pas de ceux qui refusent de s’engager dans les affaires du monde par amour de la science.
Son approche irrévérencieuse mais souvent juste des grands philosophes n’en est que plus rafraîchissante. Car on rit beaucoup en lisant cette histoire de la philosophie qui étrille même Socrate, qui est à la philosophie ce que Jésus est à la religion chrétienne – un saint –, et « aurait besoin comme philosophe d’un long séjour dans un purgatoire scientifique » pour avoir tant ignoré la nature du monde en voulant la faire coïncider avec ses règles éthiques. Sont encore plus brocardés les « professeurs modernes, qui trouveraient étrange de refuser un salaire, [et] répètent si complaisamment les critiques de Platon [contre les sophistes qui se faisaient payer pour leurs leçons, NDLR] ».
On peut s’offusquer de l’absence de certains – Pascal, Comte, Husserl – ou de la façon dont il en congédie d’autres – Schelling qui « bien que célèbre en son temps n’eut aucune importance ». Mais cette fresque fourmillante d’intuitions fulgurantes n’a pas prétention à l’exhaustivité ou à l’objectivité. Elle sert un but : montrer que la philosophie peut devenir scientifique sans cesser de « suggérer ou d’inspirer une manière de vivre ».
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