La Dernière Étreinte
Une recension de Antoine Rogé, publié leLoin des villes, quand l’homme se fait rare, s’estompent aussi amour, haine et chagrin… Du moins en apparence ! Car partout où la vie est présente, des intrigues insoupçonnées se nouent, rappelle Frans de Waal. Vulgarisateur de talent, l’éthologue néerlandais s’attaque à l’idée selon laquelle les émotions seraient le propre de l’homme. C’est d’après lui une vanité typiquement… humaine que de vouloir à tout prix séparer nos vécus de ceux des animaux. Pour prendre l’exemple d’un animal réputé insensible, le rat éprouve effectivement de la joie quand on le chatouille (avis aux amateurs), et ce même si les cris qu’il émet alors sont des ultrasons inaudibles pour nos oreilles. Évitant l’écueil de l’anthropomorphisme, de Waal ne va pas jusqu’à prêter aux animaux des sentiments. Ceux-ci se distinguent des pures émotions, car ils sont des états intérieurs qui s’expriment via le langage articulé – le pardon d’une offense ne se résume pas à une expression faciale. Mais le savant ne dévie pas pour autant de sa ligne directrice, la critique de « l’anthropodéni », cette position refusant l’expérience émotionnelle aux animaux qui en portent pourtant la marque corporelle. Un darwinisme rigoureux doit nous guérir d’un rationalisme asséchant, en nous faisant prendre conscience de l’utilité du patrimoine commun d’émotions que nous partageons avec les bêtes. Chez nous comme chez les animaux, la peur peut régner – ainsi la souris devant le chat –, mais l’empathie aussi peut s’imposer, comme chez les chimpanzés mâles où il arrive que les rivaux se réconcilient. De quoi nous rappeler que, dans la nature, la loi de la jungle n’a jamais été toute-puissante.
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Le primatologue et ethologue néerlando-américain est mort jeudi dernier des suites d’un cancer. Né aux Pays-Bas en 1948, il n’a cessé d’observer les singes –…
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La vie à deux est-elle encore concevable à l’heure de l’explosion du nombre de divorces et des thérapies conjugales ? Pour la sociologue et fine…
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