La Joie

Une recension de Alexandre Lacroix, publié le

On aimerait bien ressembler au héros de ce roman : il se prend sans arrêt le monde sur le coin de la gueule, et pourtant ne cesse de se réjouir. Il surfe sur la vague des événements, avec un sourire de jazzman aux lèvres. Quand le médecin lui annonce que sa mère va mourir du cancer, il répond du tac au tac : « Et aujourd’hui, elle va comment ? » Le soir même, il fait l’amour avec Louise, qui lui demande presque surprise : « Tu crois que c’est normal, autant de plaisir ? » Quand il a un coquard suite à une altercation, il apprécie cette remarque : « Mon oncle me dit que ça me va bien, cette tête de boxeur amoché. » Dans La Force majeure, Clément Rosset décrivait ainsi le mystérieux ressort de la joie : la vie est courte et n’a aucun sens, nous allons tous mourir ; en partant de ce constat lucide, on peut sombrer dans le désespoir ou se sentir envahi par une joie de chaque instant. Les raisons que nous avons de nous affliger sont les mêmes que nous avons d’exulter. Fort de cette réflexion, Charles Pépin a imaginé une fable où le héros fait preuve d’une joie tout aussi stupéfiante que l’indifférence d’un certain Meursault.

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