La sagesse ordinaire

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

D’Épicure à Hegel en passant par Boud­dha, la sagesse est l’horizon de la philosophie. Quand le philosophe demeure un être désirant et donc en mouvement (celui qui aspire étymologiquement à la sophia), le sage pratique l’art du retrait : du monde, de l’histoire, du corps. Soyons un peu honnêtes, invite Jean-Michel Besnier : cette sagesse dégagée de toute passion, ouverte à un consentement béat au monde, est proprement « inhumaine ». En nietzschéen provocateur, il affirme : « Le sage n’est qu’un rabat-joie, tout juste capable de vous dégoûter de l’existence. » La sagesse, juste bonne pour les barbons désabusés ? Pas exactement. Contre cette version de l’ennui aristocratique, Besnier réhabilite la sagesse « ordinaire » des « bricoleurs d’existence » que nous sommes souvent contraints d’être. Où il reconnaît par exemple la prudence d’Aristote, outil pratique dans un monde complexe où personne ne peut échapper à l’action et à la prise de décision. Quand les certitudes s’éclipsent, restent le tâtonnement, la recherche, la débrouille, sans renoncer ni à la colère ni à l’enthousiasme. Une attitude somme toute bien philosophique.

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