Le Guérisseur des Lumières

Une recension de Frédéric Manzini, publié le

Le nom de Mesmer vous dit-il quelque chose ? Certains le connaissent à travers son presque homonyme Messmer, un hypnotiseur médiatique. Un pseudonyme qui rend hommage au « vrai » Franz-Anton Mesmer (1734-1815), personnage controversé, condamné (par la Faculté) et célébré (par le grand public). Il défendait le principe du magnétisme, ce prétendu fluide considéré comme un « feu invisible », qui naviguerait entre les corps et que l’on pourrait canaliser, par affleurement des mains, pour guérir certains maux. D’autres se souviennent peut-être d’une lecture scolaire où Hegel le mentionne comme celui qui conçut le projet fou de penser sans les mots – et qui faillit en perdre la raison. Précisément : ce sont les frontières de la rationalité qu’interroge l’œuvre de Mesmer, ce qui ne pouvait qu’intéresser le philosophe Frédéric Gros. Il restitue le parcours du médecin/charlatan à travers une série de lettres fictives adressées par Mesmer à un ami durant les derniers mois de sa vie. Il nous rend ainsi attachant un homme aigri et mythomane, mais toujours sincère et enthousiaste : « Moi je guérissais, monsieur, ils ne font que soigner », lui fait dire Frédéric Gros. On se plaira à suivre, entre la Prusse et la France, son destin qui se superpose à la période d’effervescence conduisant des Lumières à la Révolution française.

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