Le monde naturel comme problème philosophique
Une recension de Martin Duru, publié le1. L’oubli du monde naturel
Jan Patočka rencontre en 1929 le fondateur de la phénoménologie, Edmund Husserl, et l’invite six ans après à donner des conférences à Prague. Le maître allemand diagnostique alors une crise dans la rationalité occidentale, sombre constat repris par son disciple. Quel est le problème ? Depuis Galilée, les sciences promeuvent une vision abstraite du monde comme « régi par les lois mathématiques ». Or, clame Patočka, c’est là un oubli flagrant du « monde naturel », qui n’est pas celui des rivières et des champs, mais plutôt celui de nos impressions et de nos intérêts spontanés, formés « sans intention théorique ». L’idéal positiviste occulte ou dévalue cet environnement pratique immédiat, qui est pourtant le « sol nourricier » de toute connaissance.
2. Le retour aux choses mêmes
Sortir de la crise spirituelle, du déchirement entre le monde familier (naturel) et l’univers désincarné de la science, implique une manière de penser où le sujet occupe un rôle central. Ici Patočka se rallie à la phénoménologie husserlienne. Rappel : celle-ci désigne une méthode dont l’ambition est de revenir « aux choses mêmes ». Via une opération spécifique (la « réduction »), il s’agit de décrire ce qui apparaît, se manifeste à la conscience. Ancrée dans l’expérience brute, la phénoménologie étudie ensuite selon Patočka les actes par lesquels l’esprit « donne forme au monde » qui se donne à lui. En unifiant ses perceptions, en forgeant des concepts, « l’homme s’approprie activement la réalité et en dispose » : la conscience devient la source du sens.
3. Le mouvement de l’existence
Par la suite, Patočka révisera ses positions, comme en témoigne le supplément à sa thèse, rédigé en 1970. Il prend ses distances avec Husserl, lequel rend la conscience toute-puissante et indépendante du monde. Contre cette « absolutisation du sujet », le philosophe tchèque bifurque vers une phénoménologie a-subjective. Inspirée par Heidegger, celle-ci analyse l’homme comme « jeté », immergé dans le monde, et ce d’abord par son corps. La vie ou l’existence est conçue comme « mouvement » ; le mouvement principal est celui par lequel l’être humain se saisit lui-même, réalisant ses possibles dans l’action, et comprend l’être dans son ensemble – la pensée de Patočka culmine dans cette idée d’une ouverture et d’un dévouement au monde.
L’ouvrage > “Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps” (1928)
Pour le philosophe tchèque Jan Patočka (1907-1977), il est trompeur de partir de soi et de l’endroit où l’on se trouve pour penser le monde qui s’étale devant nous. Mais sur quoi alors fonder notre expérience de l’espace ?
Philosophe tchèque articulant phénoménologie et morale, signataire et porte-parole de la Charte 77, il a défendu les libertés et les droits de l’homme au péril de sa vie.
Des vieilles chaussures peintes par un fou ? Oui, mais qui révèlent à Martin Heidegger rien moins que la vérité des choses et le lien qu’elles entretiennent avec le monde où nous vivons.
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