L’Infini dans un roseau. L’invention des livres dans l’Antiquité

Une recension de Frédéric Manzini, publié le

C’est un livre sur les livres, sur leur histoire et, indissociablement, sur l’amour qu’ils inspirent. Et dans le cas d’Irene Vallejo, c’est même une véritable passion. Et sa passion est communicative, car elle parvient à entraîner ses lecteurs dans la formidable épopée de l’invention de ce qu’on appelle aujourd’hui « livre », qui a connu bien des supports durant les siècles, des papyrus de l’Antiquité jusqu’à nos liseuses contemporaines, en passant par les tablettes d’argile et les parchemins. Très érudit mais sans jamais en avoir l’air, indistinctement travail universitaire par son contenu et récit de fiction par sa forme, l’ouvrage de la jeune autrice espagnole se lit comme un roman d’aventures. Mêlant dialogues entre les personnages historiques et précisions techniques sur les procédés de fabrication, descriptions et interprétations psychologiques, voire digressions plus personnelles, le style enlevé d’Irene Vallejo ne s’interdit rien. 

Et quelle réussite ! Best-seller surprise en Espagne, qualifié de « chef-d’œuvre » par Mario Vargas Llosa, traduit dans de nombreux pays où il rencontre un succès tant public que critique, il fait voyager de la bibliothèque d’Alexandrie aux manuscrits enluminés d’Oxford avec le même émerveillement pour le génie humain grâce auquel « le livre a surmonté l’épreuve du temps ». Capable de survivre à toutes les modes et de s’adapter à toutes les technologies, le livre a suffisamment d’arguments pour démentir toutes les cassandres qui annoncent sa disparition à venir... car, au fond, pour transmettre savoirs et imaginaires, « on n’a jamais rien trouvé de mieux ».

Sur le même sujet
Article
2 min
Eva Illouz

Qui incarne la force aujourd’hui ? Nous avons demandé à six penseurs de choisir qui incarne la force aujourd’hui. Du rugbyman aux pirates informatiques en passant par Barack Obama en pleurs, leurs choix bousculent nos idées reçues. …