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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Jean-Louis Fernandez

Théâtre

“Maîtres anciens” : Transmission impossible ?

Cédric Enjalbert publié le 14 janvier 2021 2 min

Nicolas Bouchaud adapte pour la scène ce roman de Thomas Bernhard, au Théâtre de la Bastille (Paris). Un réjouissant jeu de massacre du patrimoine culturel européen en forme de salutaire appel d’air.

 

« L’admiration rend aveugle, elle rend l’admirateur stupide », écrit Thomas Bernhard dans Maîtres anciens. Dans son avant-dernier roman publié en 1985, l’auteur autrichien s’essaie au jeu de massacre. Il égratigne une bonne part du patrimoine culturel du Vieux Continent avec une joie mauvaise qui fait plaisir à voir. Cet esprit corrosif a séduit Nicolas Bouchaud, qui interprète de nouveau au théâtre son adaptation de cette « comédie » acide. Jamais aussi bon que seul en scène, il donne corps à ce monologue jouissif, taclant sévèrement Heidegger, Mahler, Véronèse, Klimt, Beethoven, Stifter et consorts. La pièce se déroule au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Le critique musical Reger y a rendez-vous avec un certain Atzbacher. Arrivé en avance, ce dernier l’observe s’épancher comme sur une scène imaginaire, dans une « logorrhée musicologique » profonde bien que burlesque, obsessionnelle mais stimulante. Car Bernhard, misanthrope reconnaissant pourtant dans l’homme son « unique raison de vivre », joue de la mise en abîme pour se moquer de nous, et du théâtre, et des écrivains, et des artistes, sapant tout avec un extraordinaire entrain. « Toute notre vie nous nous reposons sur les grands esprits, sur les soi-disant maîtres anciens, et alors nous sommes mortellement déçus par eux, parce qu’ils ne remplissent pas leur office au moment décisif », persifle Bernhard, moqueur. Il invite au contraire à nous émanciper des guides et de leur « bavardage », des professeurs qui « abîment » les élèves « depuis des siècles », de la tradition, pour gagner en liberté. Hannah Arendt l’exprime à sa façon dans La Crise de la culture (1961) : « Le testament, qui dit à l’héritier ce qui sera légitimement sien, assigne un passé à l’avenir. » La philosophe considère au contraire le surgissement de l’événement comme une brèche creusée dans le temps, où se niche l’imprévu, renvoyant chacun à la nécessité de penser à nouveaux frais, à la recherche d’un sens qui n’est jamais déjà donné. Une discipline d’autant plus nécessaire aujourd’hui qu’une « crise ne devient catastrophique que si nous y répondons par des idées toutes faites, c’est-à-dire par des préjugés », rappelle-t-elle. Dont acte. Dans la pure dépense du jeu, ne thésaurisant rien, Nicolas Bouchaud reprend donc Bernhard dans un magistral effort de transmission, irrespectueux à sa façon. Cet élagage littéraire vaut pour un formidable appel d’air.

Maîtres anciens
De Thomas Bernhard / Un projet de et avec Nicolas Bouchaud / Théâtre de la Bastille (76, rue de la Roquette, Paris XIe) / Du 21 janvier au 12 février (sous réserve des conditions sanitaires) / Durée : 1h30

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Comme d'habitude...
On considère parfois que le temps est un principe corrosif qui abîme les relations amoureuses. Mais selon le philosophe américain Stanley Cavell l'épreuve du quotidien peut être au coeur d'un principe éthique : le perfectionnisme moral, qui permet à chacun de s'améliorer au sein de sa relation amoureuse.
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