Qui sauvera la planète ? 

Une recension de Jean-Marie Durand, publié le

Les débats autour de l’urgence climatique ne posent pas seulement la question des modalités d’action, oscillant entre désobéissance civile et réformisme mou. Elles mettent aussi en tension une énigme épistémologique posée en ces termes par Nathanaël Wallenhorst : « Pourquoi la vie sociale et politique n’est-elle pas organisée à partir de ce que nous savons ? » Pour clarifier cette impossibilité d’intégrer « un paradigme de la rupture » dans nos modes d’existence, l’auteur identifie six méta-récits qui s’affrontent aujourd’hui autour du sujet de la planète en péril. Si l’effroi provoqué par le récit « mensonger » du climatoscepticisme – doutes sur l’origine humaine du changement climatique – ou par le récit « chinois » – selon lequel la fin justifierait les moyens autoritaires – semble largement partagé, il ne faudrait pas se laisser pour autant berner par le cynisme du récit « californien », qui fait miroiter un salut techno-scientifique dangereux. Ou même par le récit « Bisounours-mais-pas-que » qui fait reposer naïvement un changement global sur la conversion à l’écologie de chaque citoyen. Quant au récit « pervers », sa promesse de tout faire tenir ensemble n’agit en réalité sur rien – c’est l’arnaque du « en même temps ». Face aux insuffisances confondantes de chacun de ces récits, seul un grand récit alternatif, arrimé aux savoirs géoscientifiques, devrait s’imposer. Postulant qu’une vraie radicalité démocratique, politisant les questions environnementales et faisant place s’il le faut à la désobéissance civile, nous permettra de vivre mieux et de ne plus danser sur un volcan, ce récit nous tend la main, tremblante, mais raffermie par ce livre précieux.

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