« Adulescent », par André Comte-Sponville
En partenariat avec les Presses universitaires de France, Philosophie magazine propose chaque jour une entrée du «Dictionnaire philosophique» d'André Comte-Sponville. Aujourd'hui: « Adulescent ».
Ce mot-valise, inventé par les psys, popularisé par les sociologues et les journalistes, est l’un des plus caractéristiques de notre époque. Si l’on m’avait dit, quand j’avais 15 ans, que j’appartenais à la même génération qu’un homme de 30 ans, cela m’aurait paru absurde, tout autant que, vingt ans plus tard, si l’on avait prétendu me ranger dans la même tranche d’âge qu’un adolescent ! Pourtant, on appelle aujourd’hui adulescents des individus qui ont entre 15 et 35 ans… Parce que les adolescents sont plus mûrs, ou plus tôt ? Ce n’est pas exclu, ni certain. L’émergence de cette nouvelle catégorie, notamment dans le monde du marketing, semble s’expliquer davantage par la difficulté qu’ont aujourd’hui beaucoup de jeunes gens à entrer dans la vie active, donc dans l’indépendance économique (il faut dire que le marché du travail ne leur est guère accueillant), dans l’autonomie affective (tant vis‑à-vis des parents que de la bande de copains), enfin dans une forme de maturité responsable, ou de responsabilité mature, qu’on considère, à tort ou à raison, comme le propre de l’âge adulte… Le phénomène, qui semble international (adulescents, en anglais, se dit kidults), trahit quelque chose de notre époque, de son jeunisme stupide, de la dureté du monde économique, de la douceur, parfois piégeante, du cocon familial ou amical. Peur de grandir chez les uns, peur de vieillir chez les autres, peur, chez presque tous, du chômage, de la misère, de l’exclusion, de la solitude, de l’abandon… Difficile, avec tant de peurs, de prendre sa vie en main, a fortiori de prendre la responsabilité d’une autre vie, ou de plusieurs, celles des enfants que l’on conçoit à deux, que l’on élève, que l’on aidera à grandir, à partir, à vieillir… Les adulescents, dans un tel monde, ont bien des excuses. Les adultes, dans la même tranche d’âge, bien du courage.
Faites-vous primer le désir comme Spinoza, la joie à l'instar de Platon, la liberté sur les pas de Beauvoir, ou la lucidité à l'image de Schopenhauer ? Cet Expresso vous permettra de le déterminer !
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