Alexandre Grothendieck, mathématicien hors normes
Alexandre Grothendieck (1928-2014) est connu pour être l’un des plus grands mathématiciens de son temps. Récipiendaire de la prestigieuse médaille Fields en 1966 et spécialiste des questions touchant à la géométrie algébrique, ses découvertes ont notamment redéfini la manière dont on considérait ce champ de recherche lui-même. Sa vie toute entière fut marquée par des évènements, des combats et des prises de position qui font de lui l’un des intellectuels les plus marquants du XXe siècle. Un portrait esquissé en cinq grandes dates – à partir de son « autobiographie mathématique » culte et inclassable, Récoltes et Semailles (Gallimard, Tel, 2022), rédigée dans les années 1980 et qui, après des années à circuler sous le manteau, paraît ces jours-ci, enfin dans une édition officielle.
1928 : une enfance sous le signe de l’anarchisme
Alexandre Grothendieck naît à Berlin en 1928, dans une famille juive ukrainienne (par son père) et allemande (par sa mère). Ses deux parents sont de grands anarchistes, fréquentant notamment le mouvement libertaire. Contraints de quitter l’Allemagne pour la France en 1933 face à la montée du nazisme, ils se dirigent ensuite vers l’Espagne pour soutenir le mouvement anarcho-syndicaliste lors de la révolution sociale (1936). Alexandre est alors confié à un pasteur protestant près de Hambourg, puis caché dans une maison d’enfants du Secours suisse aux enfants : « On était pour la plupart juifs, et quand on était avertis (par la police locale) qu’il y aurait des rafles de la Gestapo, on allait se cacher dans les bois pour une nuit ou deux, par petits groupes de deux ou trois, sans trop nous rendre compte qu’il y allait bel et bien de notre peau. La région était bourrée de Juifs cachés en pays cévenol, et beaucoup ont survécu grâce à la solidarité de la population locale. » Il retrouve ses parents en mai 1939, mais son père, considéré comme un dangereux agitateur et de multiples fois condamné à mort aussi bien par la Russie tsariste que par l’Armée rouge, est rapidement interné dans un camp de concentration ; il mourra en 1942, à Auschwitz, probablement envoyé en chambre à gaz dès son arrivée. Sa mère et lui survivront, et partiront s’installer à Montpellier au lendemain de la guerre. En raison de son parcours si difficile et singulier, Alexandre restera, lui, très longtemps apatride – avant de finir sa vie Français.
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