Alexis Walther, 24 ans, candidat au Capes de philosophie : “La méditation m’aide à m’apaiser”

Isolement, ennui, manque d’accompagnement, détresse psychologique, difficultés économiques… Les étudiants ont été frappés de plein fouet par la crise sanitaire. Nous avons décidé de leur donner la parole pour faire entendre leurs souffrances, mais aussi leurs espérances et leurs conseils philosophiques pour affronter la pandémie.

Aujourd’hui, Alexis Walther, qui prépare son Capes de philosophie. Après avoir profité du second confinement pour s’isoler à la campagne et étudier en prévision de son concours, il s’est soudain rendu compte, à la fin de l’année 2020, qu’il n’allait pas bien. Ce qui l’a sauvé ? La méditation.

Le témoignage d’Alexis Walther :

« Ayant obtenu mon M2 en septembre dernier, je passe cette année le Capes en candidat libre mais inscrit à la fac’, à l’université de Nice-Côte d’Azur. Je peux ainsi suivre des cours de philosophie générale, de méthode, et participer à des épreuves. Au départ, je ne sentais pas vraiment de grande différence entre avant et pendant le confinement, notamment parce que j’ai la chance d’avoir pu me rapatrier dans la maison de mon grand-père plutôt que de continuer dans mon petit studio de seize mètres carrés. Mais voilà, même dans une maison, même à la campagne, proche de la nature... le manque de sociabilité se fait sentir. De novembre jusqu’aux vacances de décembre, j’étais dans une phase de préparation complètement “autiste” : je ne faisais qu’étudier pour mon concours, du matin au soir, avec pour seul objectif de ne pas regretter cette préparation. Travailler était ma seule priorité, qui passait avant tout, je ne voulais surtout pas regretter cette année de concours, donc… ce qui m’a fait envisager le confinement comme une sorte d’aubaine : “Tant mieux”, me disais-je, puisque je pouvais ainsi me focaliser entièrement sur le travail. Sauf que j’ai perdu quelque chose ; même si je m’imposais un peu de repos le week-end, mon esprit tournait en boucle sur les grands auteurs. J’étais très tendu, très stressé, très nerveux – et le pire, c’est que je ne m’en rendais absolument pas compte. Il a fallu la pause des fêtes de fin d’année, et retrouver ma compagne, pour que je prenne conscience que ça n’allait pas. Que je n’allais pas bien du tout.

J’ai commencé la méditation grâce à un programme trouvé sur Netflix (eh bien, comme quoi !), et c’est grâce à cette technique que j’ai réalisé à quel point je pouvais être stressé, tendu, colérique. J’ai pu aussi me rendre compte que ma méthode de travail ne fonctionnait pas : trop de travail finit par abrutir. Je devais retrouver un équilibre, recommencer à faire du sport, de l’activité physique, mais aussi des loisirs qui ne sont pas directement liés à la philosophie.

Je ne mets pas tout sur le compte du confinement, bien sûr, car certaines blessures sont bien plus profondes. Toutefois, le confinement a exacerbé tous mes travers (comme mon addiction à Twitter par exemple – cette “apocalypse cognitive” est bien réelle…). Et j’ai de la chance d’avoir découvert la méditation, car elle constitue aujourd’hui mon seul compagnon quotidien qui m’aide à m’apaiser, ou en tout cas à essayer d’être plus serein, et à “changer l’ordre de mes désirs plutôt que l’ordre du monde”. »