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Entretien

Asymptomatiques, malades, cas contact : de quoi parle-t-on vraiment ?

Philippe Huneman, propos recueillis par Michel Eltchaninoff publié le 16 septembre 2020 3 min

Deuxième vague ou vaguelette ? On ne comprend plus grand-chose au Covid-19. Les autorités sanitaires évoquent une progression exponentielle de la propagation du virus. Or le nombre de morts n’augmente que très peu depuis plusieurs semaines. Sommes-nous entrés dans une épidémie peu létale ? Et surtout, qu’est-ce qu’un “cas” de Covid, si la plupart sont asymptomatiques et sans danger pour le porteur ? Nous avons demandé à Philippe Huneman, philosophe de la biologie et l’écologie, directeur de recherche à l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques, de nous éclairer sur ce grand flou.

 

  • Philippe Huneman nous montre que la notion de “porteur sain” est ancienne, et qu’elle est fondamentale en épidémiologie. Et il propose des pistes pour comprendre la décorrélation entre le nombre de cas et le nombre de malades. Ci-dessous, nous vous proposons ses principaux arguments, extraits de notre grand entretien avec lui.

 

Qu’en est-il de la situation actuelle, où l’on constate un décrochage entre la propagation exponentielle du virus et le nombre de morts à l’hôpital, qui augmente peu ?

Philippe Huneman : Nous observons en effet deux courbes. La première comptabilise le nombre de cas et augmente de façon exponentielle, avec toutefois un coefficient plus faible qu’en mars-avril. La seconde, celle du nombre de morts, est – pour l’instant – relativement stable. Elle augmente beaucoup moins rapidement ; nous serions plutôt sur un plateau avec une pente faible. La situation actuelle est différente de celle du printemps, même si la proportion de cas symptomatiques parmi l’ensemble de cas existants n’a aucune raison de changer. Les controverses du jour entre les anxieux, qui appellent à une vigilance renouvelée face au virus, et les rassurants, qui dénoncent une politique de la peur alors que la vague serait derrière nous, proviennent essentiellement d’une différence d’attention, les uns fixant la courbe des cas tandis que les autres regardent celle des décès.

 

Comment expliquer cette différence ?

Plusieurs explications sont avancées, compatibles entre elles, et qui ont chacune leur validité. La première de ces explications est que les gens font davantage attention avec les personnes âgées. Certains soutiennent que puisque le nombre de tests augmente, le nombre de cas positifs doit, mécaniquement, croître ; mais la proportion de ces cas positifs parmi les cas testés augmente jour après jour, donc cela signifie qu’il y a bien une augmentation réelle des cas. La troisième explication avancée est statistique : la plupart des gens infectés sont jeunes, donc il y a moins de complications. Une quatrième prend appui sur le fait que les hôpitaux sont moins saturés, donc qu’il y a plus de place en réanimation – et donc que moins de personnes décèdent. Une dernière explication nous dit que l’on sait désormais mieux soigner les personnes en réanimation – et donc que là encore, nous aboutissons à moins de morts. On donne des corticoïdes, on dispose de meilleures techniques de ventilation, etc. Les soignants n’ont pas de traitement radical sous la main (comme certains l’ont cru en prenant l’hydroxychloroquine pour la panacée), mais on bricole et ça semble fonctionner. Or il se pourrait bien que le nombre de morts s’accumule dans quelques semaines, puisque l’augmentation des cas est réelle, et que, contrairement à une hypothèse en vogue, la virulence du Sars-Cov-2 ne s’atténue pas.

 

Peut-on encore parler d’épidémie lorsqu’il y a une faible proportion de malades ? 

J’ai une approche pragmatiste en ce qui concerne la définition d’une épidémie. On parle bien d’“épidémie d’obésité”, alors qu’elle n’est en rien transmissible. L’épidémie de Sida, l’épidémie de coronavirus et l’épidémie d’obésité n’ont pas grand-chose à voir en termes de processus de transmission. Une définition minimale de l’épidémie consisterait à dire qu’il s’agit d’un phénomène pathologique qui affecte une population dans un laps de temps court et dont l’incidence augmente de façon régulière et notable. Au fond, ce concept faible de l’épidémie suffit, car il l’identifie comme un phénomène qui demande une réponse en termes de santé publique. Et c’est là l’essentiel, non ? Même si l’on ne dispose pas de concept définitif pour qualifier une maladie, celui d’épidémie, même imparfait, est indispensable, au moins pour y réagir de la façon la plus adéquate possible. Le concept que Michel Foucault nommait biopolitique – notion si souvent invoquée ces derniers mois – prend naissance dans ce projet de cibler des populations, notamment lors des épidémies.

Lire la suite : notre entretien complet avec Philippe Huneman
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