“Bac Nord” : quand courage rime avec rage
Bac Nord a tout d’un grand film d’action. Après une mise en place énergique du cadre de vie et du quotidien des agents de la BAC, le long-métrage de Cédric Jimenez embraye rapidement sur la préparation et l’exécution d’une vaste opération visant à arrêter les plus gros dealers des quartiers nord de Marseille. Si l’attachement aux personnages est immédiat, leur côté cow-boy – souligné par l’acteur Gilles Lellouche, qui compare le film à un « western urbain » – a de quoi déconcerter. Secouant.
Des hommes aux mains sales
Rapidement, le spectateur peut replacer ce comportement prompt à la bavure dans son contexte. La brigade, pleine de rancœur et de désillusions, est délaissée par une hiérarchie déconnectée des « réalités du terrain », obsédée par « le chiffre » et la couverture politico-médiatique des opérations. « Plus je fais ce métier, moins je le fais, je comprends pas pourquoi on en est arrivé là », déplore ainsi Greg (Gilles Lellouche), le plus impliqué de la bande.
À défaut d’avoir les moyens concrets de bien faire leur travail, les baqueux optent donc pour des solutions opaques, faites de compromis, et surtout de compromissions. La plus frappante d’entre elles est l’usage de la drogue en guise de monnaie d’échange donnée aux informateurs : en l’occurrence, à une informatrice, Amel (interprétée avec conviction par la jeune Kenza Fortas, elle-même originaire du quartier où se déroule le film). Pour reprendre les mots de leur hiérarchie, les policiers remettent donc la drogue de la rue dans la rue.
Lorsque le commandant questionne cette pratique, la réponse d’Antoine (François Civil) est éloquente : « Ah, parce que c’est un problème de morale ? » La morale ici entendue comme « déontologie professionnelle » est bel est bien considérée comme secondaire par rapport à une morale estimée supérieure : en finir avec les trafiquants. À ce titre, le manque de moyens effectifs justifie l’emploi de « grands moyens » plus officieux. C’est en tout cas l’éthique de « l’homme de terrain » pratiquée dans un film où la bravoure côtoie constamment la bavure.
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