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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Sempé

Bleu Sempé

Sven Ortoli publié le 27 octobre 2022 3 min

Aujourd'hui, dans son billet, Sven Ortoli voit la vie en bleu. Mais, attention, pas de coup de blues chez notre rédacteur : il présente la magnifique couverture azurée de notre hors-série consacré à Sempé, en vente dès aujourd’hui chez votre marchand de journaux


« Il est beau, il est neuf, il est bleu. Mais pas le bleu Klein, cornegidouille ! ni le bleu schtroumpf, malheureux ! Le bleu Sempé – nuance –, celui des nuits américaines ou tropéziennes, celui des nuits de banlieue, les nuits cosmologiques où des petits gros embourbés dans leurs gilets de flanelle sortent de leurs pavillons à pas comptés, menus, légers, pour entrer dans la métaphysique. “J’aime les couleurs éclatantes”, disait Sempé (1932-2022). La preuve avec la couverture du hors-série que Philosophie magazine lui consacre et qui paraît aujourd’hui.

Légers, les personnages de Sempé ? Lorsqu’ils apparaissent – en pleine crise des missiles de Cuba – à l’automne 1962, dans l’album Rien n’est simple, ils expriment le contraire. Avec leurs têtes un poil trop grosses sur des corps râblés, presque tassés, on les dirait débarqués d’une planète à gravité plus forte. Comme si leur physique reflétait le décalage d’une France en plein rétrécissement du corps, géographique et politique, mais à la tête encore gonflée de la certitude d’être le phare culturel du monde. Minuscules et inquiets, les petits hommes et femmes de Sempé entament leur voyage dans ce pays des années 1960 comme Gulliver l’exploration du royaume de Brobdingnag : avec le vertige de la disproportion. Leur monde est grand, immense même, et en plus menacé de destruction. Il y a de quoi avoir des vertiges. Lesquels – c’est le secret de leur légèreté – forment une petite métaphysique du quotidien : “Heureusement, il me reste le rêve”, soliloque lugubrement, à la veille de Mai-68, un play-boy sombrant dans le luxe. “J’ai peur de ne pas être à la hauteur”, s’alarme une petite dame devant l’affiche d’un film oscarisé. “Il y a quelqu’un ?” interroge du regard un troisième qui contemple avec inquiétude la Voie Lactée, en espérant du fond du cœur que les espaces infinis resteront silencieux.

Soixante ans après leur naissance, les petits hommes et femmes de Sempé ont grandi. Au propre comme au figuré, tant ils paraissent plus déliés qu’à leurs débuts. La mondialisation est passée par là. Les gratte-ciel ne les effraient plus guère, et le cosmos inquiète moins que le réchauffement climatique. Dans des nefs monumentales et vides, des femmes continuent de s’adresser familièrement à Dieu, mais les questions existentielles ne sont plus tant verticales qu’horizontales : au vertige de la disproportion et de l’écrasement a succédé le vertige de la dilution. Que reste-t-il de transcendant dans un monde sans dieu ? Un tableau blanc devant lequel se prosterne un homme, rayonnant de bonheur, dans une exposition. Et lorsque, dans un dessin, une jeune femme se rebelle : “Tout le monde dit la même chose, il faut être soi-même. Quelle absence d’ambition !”, Sempé saisit d’un trait le vertige d’une époque. L’époque s’efface, les vertiges changent, reste la grâce. Celle du dernier dessin où l’on voit une femme étendue dans l’herbe. Elle s’adresse à son mari qui barbouille une toile : “Pense à ne pas m’oublier.” »

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