Bruno Dumont : « La guerre et l’amour, c’est la même chose »
Rencontre avec Bruno Dumont. Ancien professeur de philosophie recherchant dans son cinéma l’accident et la dimension concrète de l’existence, Bruno Dumont revient sur son parcours, son inspiration et son dernier film, Flandres.
Vous avez étudié et enseigné la philosophie. Quel souvenir en gardez-vous ?
J’étais un élève assez médiocre et j’ai commencé à me révéler un peu en philosophie en terminale. Après le baccalauréat, j’ai tenté le concours d’une école de cinéma, l’Idhec, que je n’ai pas eu. J’ai fait des études de philosophie et j’ai soutenu une maîtrise en esthétique à la Sorbonne : « Philosophie et esthétique du cinéma souterrain ». J’ai ensuite enseigné la philosophie en terminale dans le Nord pendant cinq ans mais avec une insatisfaction pédagogique, ce qui m’a conduit à rejoindre un lycée technique. Enseigner la culture générale à des élèves avant qu’ils ne partent travailler sur une fraiseuse m’a beaucoup plu. C’était déjà l’univers social dont j’avais envie de parler.
En quoi cette expérience a-t-elle nourri votre désir de devenir cinéaste ?
Le fait d’avoir enseigné la philosophie m’a sensibilisé au problème de la pédagogie : asséner des vérités sans qu’elles soient perçues, éprouvées par les élèves relève du néant. C’est cet éveil du spectateur, cette renaissance, souvent douloureuse, que je cherche à atteindre à travers mes films. La philosophie en elle-même m’est un peu tombée des mains, car je souffrais de la conceptualisation des idées. Je n’aime pas le cinéma intellectuel. J’ai appris le métier via des films institutionnels. Je suis resté philosophe, mais avec les moyens du cinéma. Parler de la vie, de l’ordinaire, avec cet espoir d’atteindre des questions profondes sans passer par le langage de la philosophie, voilà ce qui m’intéresse. J’essaie dans mes films de retrouver ce qui préexiste à la pensée, cette matière première sensible qui précède l’intellect.
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