Camille Gousset. Capable de tout, ou presque
Cette jeune journaliste de 28 ans ne se sent pas handicapée. Pourtant, elle n’a jamais marché de sa vie et a une utilisation réduite de ses bras. Devenue consultante en handicap par la force des choses, elle peine encore à trouver toute sa place dans la société. Et réclame non pas de l’empathie mais de briser le tabou de la différence.
Pour notre rendez-vous, comme pour n’importe quel rendez-vous, il a fallu trouver un lieu qui lui plaisait. Mais pas seulement. Il en fallait un qui soit desservi par le RER A ou la ligne 14 du métro, dont les stations sont les seules à être adaptées aux personnes en fauteuil roulant à Paris. Il a ensuite fallu appeler pour savoir si le café que nous avions choisi lui était accessible. Oui, si l’on excepte une marche à l’entrée. Qu’à cela ne tienne, une fois devant l’obstacle, Camille Gousset sort sa rampe, qu’elle balade au dos de son fauteuil électrique, et nous la déplions comme un tapis rouge à l’entrée du Café Fauve.
« Me laisser aller à l'imprévu, c'est m'exposer à des difficultés »
Camille Gousset
Depuis son fauteuil, elle se dirige à l’aide d’un petit joystick. Car, depuis sa naissance, elle est tétraparésique. Ce terme neurologique définit une paralysie incomplète mais simultanée des quatre membres, avec une diminution plus ou moins importante de la force musculaire. « Mon système nerveux central et ses commandes buggent, explique-t-elle. Mais ma moelle épinière n’est pas touchée et je sens tous mes membres, contrairement aux tétraplégiques. » Dans un monde où tout s’est accéléré, Camille a besoin de temps pour réaliser chaque geste du quotidien : sortir du lit, prendre une douche ou mettre un manteau nécessitent une logistique précise. « Me laisser aller à l’imprévu, c’est m’exposer à des difficultés », résume-t-elle.
À notre arrivée au Café Fauve, chacun, le regard fuyant ou au contraire affublé de son plus beau sourire, pousse un peu sa table ou sa chaise pour lui laisser la place. « Je déteste être au centre de l’attention, me glisse-t-elle avec un sourire blasé, mais force est de constater que je le suis souvent malgré moi. » Camille est une grande timide. Son visage est doux, son sourire chaleureux, mais ses yeux sont comme protégés par d’épaisses lunettes de vue dont elle ne se sépare quasiment jamais. Bien souvent, ce sont le manque d’accessibilité et les regards maladroits qui lui rappellent qu’elle est handicapée. Camille préfère d’ailleurs dire qu’elle est « en situation de handicap », car, comme elle aime le rappeler, « ce sont davantage les situations que je rencontre, dans un environnement de valides, qui me handicapent, plutôt que ma maladie ».
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