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© Frédéric Poletti pour Philosophie magazine

Dialogue

Clément Rosset, Jean Clair. Humeur noire

Clément Rosset, Jean Clair, propos recueillis par Martin Legros publié le 30 mai 2007 9 min

L’historien d’art Jean Clair, écrivain et essayiste, et le philosophe Clément Rosset partagent leur expérience de l’état mélancolique. Au-delà de la dépression, communément soignée par des psychotropes, il est le ferment de l’expression artistique. Éloge d’une épreuve féconde.

 

Dans son ouvrage Loin de moi, Clément Rosset cite cet épitaphe de Martinus von Biberach : « Je viens je ne sais d’où / Je suis je ne sais qui / Je meurs je ne sais quand / Je vais je ne sais où / Je m’étonne d’être aussi joyeux. » Et commente ainsi : « Les raisons d’être joyeux ou déprimé ont ceci d’étonnant – et d’apparemment paradoxal – qu’elles sont rigoureusement les mêmes. En sorte que la tristesse n’est que le côté face d’une pièce de monnaie dont le côté pile est la joie. » Ce chemin qui mène de l’abattement à l’allégresse, de la mélancolie à la création, Jean Clair a permis aux visiteurs de l’exposition « La Mélancolie : génie et folie en Occident », au Grand Palais, en 2005-2006, de le parcourir. Oui, la mélancolie est un état fécond, elle donne son relief à l’existence et permet les meilleures réalisations de l’art. Jean Clair a poursuivi sa méditation sur l’humeur noire avec deux journaux : Journal atrabilaire et Lait noir de l’aube. Clément Rosset a livré, lui, un récit personnel décrivant les cauchemars épuisants qu’il a connus durant une période de dépression, Route de nuit. Ces deux arpenteurs et connaisseurs de la crise existentielle, qui ne s’étaient jamais rencontrés, rendent hommage à la mélancolie, loin de la mièvrerie.

 

Clément Rosset : Le titre de votre dernier livre, Lait noir de l’aube, m’a tout de suite frappé. Étant passé moi-même par une phase inattendue et assez vilaine de crise existentielle, ou plus exactement de dépression, je sais très bien ce que signifie le « lait noir de l’aube ». Le symptôme principal de ma dépression, que j’ai par ailleurs décrit dans Route de nuit, se manifestait au réveil : après une nuit paisible, j’ouvre les yeux et soudain j’ai le sentiment d’être dans un pays inconnu, horrible et effrayant. Cette impression matinale est accompagnée d’une forte angoisse, d’un anéantissement psychologique complet, heureusement de courte durée.
Quand j’ai lu l’histoire que vous racontez à la fin de votre livre, j’ai été particulièrement ému : à l’aube, en Union soviétique, c’était l’heure où la police politique camouflait en camions de laiterie blancs les fourgons qui conduisaient les prisonniers politiques vers la torture et la mort. Voilà une image centrale qui me reviendra quand je sentirai cette oppression momentanée. Désormais, si je ressens du mal-être à l’aube,
je me dirai : « Tiens, c’est le fourgon blanc qui passe… »

 

Jean Clair : Ce titre est un emprunt à un grand poète, Paul Celan, qui s’est tué en 1970. Je l’ai choisi, car il exprime admirablement ces états très réversibles que connaît le mélancolique, qui peut passer de l’abattement à l’exaltation, du blanc au noir, de l’agitation au songe le plus profond. La métaphore du lait de l’aube est réconfortante et rassurante, c’est le liquide maternel qui vous nourrit… Mais voilà qu’ici ce lait se transforme en encre. Une encre qui n’est pas toujours celle de l’écrivain ou de l’artiste, une encre qui a un goût âcre et acide. Le mélancolique est familier de cette inversion perpétuelle des valeurs.

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Article issu du magazine n°10 mai 2007 Lire en ligne
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