Comment se dire adieu
Pourquoi la séparation nous ébranle-t-elle à ce point ? Peut-être parce que, privés de l’amour de l’autre, c’est notre identité qui vacille. Comment ne pas sombrer ? Les philosophes et deux témoins nous aident à nous retrouver.
Brisé. Anéanti. Disloqué. Vidé. Crucifié. Désintégré. Pourquoi, lorsque l’on traverse une séparation (quand on est plaqué, largué, lourdé, balancé), utilise-t-on des mots aussi forts ? Pourquoi a-t-on l’impression que la terre se dérobe sous nos pieds, que notre assise tremble ? Il ne s’agit pourtant pas d’une complainte excessive, ni d’une douleur temporaire. Privée de l’amour d’autrui, notre identité elle-même vacille. Nous ne sommes plus rien, tant le regard aimant d’autrui nous constitue. Nous avons parfois même peur de ne pas parvenir à survivre (lire les témoignages). Comment expliquer que l’amour d’autrui joue un tel rôle pour notre être ?
Tout se joue avant 2 jours
Si, après la séparation, nous nous percevons parfois comme un enfant abandonné, c’est que cette situation renvoie au lien fondamental qui nous lie à l’amour protecteur de nos parents. La psychanalyse a étudié ce moment essentiel qui se joue entre le nourrisson et sa mère, dès les premiers jours. Pour le Britannique Donald W. Winnicott, l’amour maternel prend la figure de « l’attention physique », « seule manifestation d’amour que le tout-petit peut apprécier tout d’abord » (La Nature humaine, publié à titre posthume en 1988). Tout commence effectivement par une nécessité vitale. Mais le psychanalyste insiste sur la « transformation progressive du besoin en désir », qui permet précisément de métamorphoser l’instinct en attachement humain. Dans des pages plutôt hallucinantes, Winnicott décrit la première tétée du bébé. Qui ne s’est pas attendri en regardant un nouveau-né s’énerver en cherchant le sein de sa mère, ratant sa cible et finissant par mordre et téter goulûment avec un sentiment de victoire ? Le psychanalyste fait de ce moment une étape fondamentale du développement humain. « Il est très important pour la mère, écrit-il, que le bébé découvre le bout de sein de façon créative. » Le bébé doit en effet avoir l’impression « d’être le créateur de l’objet qu’il doit découvrir » – premier stade, indispensable, de son évolution. Il faut donc laisser l’enfant chercher : « Pour inhiber un bébé et l’empêcher de se nourrir au sein, et en vérité de se nourrir tout court, il n’y a qu’à introduire le sein dans le bébé sans lui donner l’occasion d’être le créateur de l’objet qu’il doit découvrir. » Afin d’éviter que le besoin d’être aimé soit menacé par le risque de fusion et de mort, il est nécessaire de préserver un « jeu », un espace qui laisse de la liberté au nouveau-né, un interstice qui lui permettra de grandir.
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