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La philo au quotidien

Comment vaincre l’angoisse des vacances ratées

Clara Degiovanni publié le 23 août 2022 7 min

Chaleur extrême, fatigue, ennui, pluie… Les raisons de rater copieusement nos vacances sont multiples et souvent hors de notre contrôle. Dans ce cas, pourquoi mettons-nous tant de pression sur la réussite de nos vacances ? Pour répondre, retraçons l’origine de cette angoisse des congés qui tournent au cauchemar en nous appuyant sur Jean Baudrillard.

 

C’est premièrement la manière même dont nous envisageons les vacances qui nous rend si vulnérable à l’idée d’un potentiel échec. Dans La Société de consommation, le philosophe Jean Baudrillard considère que notre manière d’être en vacances est analogue à notre façon de travailler. Nous désirons jouir de notre temps libre comme d’un objet précieux que l’on aurait bien mérité et qu’il faudrait « rentabiliser » au maximum. Les critères d’échecs et de succès que l’on fait peser sur nos vacances renvoient donc à une volonté de reproduire les mécanismes propres à la sphère professionnelle. Le vacancier, depuis ses congés dûment mérités, est « rivé à “son” temps […] comme force productive. » Il veut être le plus reposé, le plus bronzé, le plus heureux : le bon vivant par excellence. « Ainsi retrouve-t-on partout dans le loisir et les vacances le même acharnement moral et idéaliste d’accomplissement que dans la sphère du travail, la même éthique du forcing », constate Baudrillard. Cet acharnement s’observe par exemple via ce que le philosophe appelle une « mobilité effarée », qui consiste à courir frénétiquement d’un lieu à l’autre, pour cocher un maximum de lieux à visiter sur notre guide. Tous ces mécanismes encouragent à évaluer les vacances comme un jugerait un travail réussi ou non. La déception d’un temps de loisir raté est semblable à celle d’un travail mal fait.

Selon Baudrillard, le touriste censé se reposer se retrouve enrôlé malgré lui dans une démarche “de sacrifice et d’ascèse”

 

Si nous ne voulons pas rater nos vacances, c’est ensuite parce nous voulons respecter les règles du jeu implicites d’un bonheur et d’une légèreté de rigueur. Selon Baudrillard, le touriste censé se reposer se retrouve enrôlé malgré lui dans une démarche « de sacrifice et d’ascèse ». Par exemple, il se sent tenu d’obéir à certains critères implicites, à des lieux communs comme le « soleil obligatoire, et surtout ce sourire et cette joie de vivre sans défaillance », qui font de lui le vacancier modèle. Une sorte de rage de la réussite, très sournoise – voire cruelle – se met en place. La pression est d’autant plus forte que cette discipline du parfait vacancier laisse peu de place à l’échec. Il faut, par exemple, se montrer  actif… Mais sans se remettre à son travail habituel. Celui qui travaille pendant ses vacances est un traître ! Il apparaît comme un mauvais jouisseur : un piètre vacancier qui ne respecte pas les règles secrètes – pourtant connues de tous – des vacances. C’est pourquoi les estivants se rabattent donc sur des « activités régressives d’un type antérieur aux formes modernes de travail (bricolage, artisanat, collection, pêche à la ligne). Dans ce genre de loisirs, poursuit Baudrillard « le modèle directeur du temps libre est le seul vécu jusque-là : celui de l’enfance ». Le vacancier doit retrouver la candeur d’un enfant, ou a minima, celle d’un adulte délesté du poids des responsabilités de la vie quotidienne. Rater ses vacances, c’est se priver de cette innocence.

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