Déracinée et intransigeante
Simone Weil a refusé toute facilité et tout chemin tracé. Philosophe, ouvrière et mystique chrétienne, elle met en conformité sa vie et sa pensée… jusqu’à l’épuisement.
Simone Weil est née le 3 février 1909, à Paris. De parents juifs, très proche de son frère André, futur mathématicien de génie, elle suit au lycée Henri-IV les cours du philosophe Alain. Normalienne, agrégée de philosophie en 1931, elle enseigne au lycée du Puy où, parallèlement, elle soutient les chômeurs locaux par l’action syndicale. Auteur d’articles virulents contre le régime nazi et l’URSS communiste, elle signe également en 1934 les Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale, brûlot contre la civilisation capitaliste et technique qui asservit les ouvriers. Elle-même va épouser leur condition : entre décembre 1934 et août 1935, Simone Weil est successivement ouvrière sur presses, emballeuse et fraiseuse dans diverses usines ; la philosophe a alors l’impression d’être réduite à l’état humiliant de « bête de somme résignée ». Dans la foulée, au Portugal, elle connaît sa première expérience mystique, l’inclinant vers le christianisme comme « religion des esclaves »… Les engagements se multiplient : soutien aux républicains lors de la guerre d’Espagne, dénonciation du colonialisme, pacifisme affiché vis-à-vis des provocations de Hitler – mais Simone Weil finit par juger la guerre inéluctable. En 1940, la France occupée, elle gagne la zone libre et Marseille, où elle se lie à un réseau de résistance ; sur le plan spirituel, son « attente de Dieu » ne cesse de s’affermir, mais jusqu’au bout elle refusera de se convertir « officiellement » et de se faire baptiser – l’Église catholique étant pour elle une institution inique… Vient le temps de l’exil : après un court passage à New York, elle se rend en décembre 1942 à Londres, où elle obtient un poste de rédactrice dans les services civils de la France libre. Épuisée, cessant progressivement de s’alimenter et malade de la tuberculose, Simone Weil est transférée au sanatorium d’Ashford, dans le Kent. C’est là que cette philosophe, militante et mystique, à l’œuvre aussi originale qu’abondante, meurt le 24 août 1943, à 34 ans.
Simone Weil et Simone de Beauvoir se connaissaient mais ne se supportaient pas. Un antagonisme révélé par Les Visionnaires, nouveau livre de l’ex…
Chez Weil, le concept d’enracinement est lié à celui du passé. Il ne faut pas y voir une posture réactionnaire mais l’affirmation d’une tradition et d’une communauté au sein desquelles l’action est possible.
Selon le géographe Michel Lussault, Simone Weil a eu cette intuition géniale que l’ancrage dans un territoire n’est pas uniquement fonctionnel : il permet à l’individu de se forger en être parlant et agissant, et de trouver ses marques…
Dans son adresse au Congrès, lundi 3 juillet, le président de la République Emmanuel Macron a cité Simone Weil pour défendre l‘“effectivité” de…
Durant sa courte vie, Simone Weil n’a cessé de se confronter, physiquement et intellectuellement, au problème du mal et de la souffrance. Sa philosophie, pourtant, reste teintée d’espoir : tout dans le monde, de la beauté…
Un grand livre résumé en une phrase.
Dans “L’Enracinement”, son “grand œuvre” inachevé, Simone Weil met en place un véritable programme propre à réinsuffler une “âme” à la société.
La notion d’obligation prime celle de droit, affirme Simone Weil. Pour Pierre Pachet, l’enracinement que conceptualise la philosophe est certes une libération mais aussi une exigence.