Des jalons pour expérimenter
Que ce soit en bioéthique, par rapport à la question du clonage notamment, en physique atomique, où le principe de causalité s’applique toujours, ou en art contemporain, avec la notion de sublime, la pensée kantienne demeure une référence vivante.
Axel Kahn
« Kant apparaît comme une référence incontournable de la pensée bioéthique, eu égard au second impératif catégorique de sa morale : “Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de toute autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.” La bioéthique est une réflexion sur la nature de l’action bonne dans les domaines de la médecine et des sciences du vivant, en lien avec les innovations technologiques qui les caractérisent. Et si donc il s’avère qu’une pratique nouvelle est susceptible de nier la dignité de la personne humaine, en l’envisageant uniquement comme un “moyen” et non comme une “fin”, nous devons avec Kant la condamner. Cet ancrage doit être maintenu à l’heure où les débats éthiques internationaux sont de plus en plus dominés par un courant d’inspiration utilitariste, qui met au premier plan l’intérêt des individus et la nécessité de limiter au maximum leurs souffrances. Un tel raisonnement peut conduire à des dérives, s’il n’est encadré par la reconnaissance de la valeur irréductible de l’être humain. Cela dit, l’application de l’impératif kantien à des cas bioéthiques concrets se révèle parfois problématique. Par exemple, il est difficile de s’opposer au clonage au nom des catégories de “fin” et de “moyen” : un enfant, cloné ou non, est toujours et un moyen et une fin pour ses parents… Je préfère donc fonder ma position sur un principe de réciprocité : je ne puis accepter qu’on impose ma forme corporelle à un autre, car moi-même je ne souhaiterais pas avoir été conçu à l’image d’un autre. Ainsi, l’autre est justifié à se réclamer des maximes que j’adopte pour moi-même. Ce principe de réciprocité, qui implique un respect de l’altérité comme fondement de mon identité propre, s’inscrit dans l’héritage kantien sans s’y réduire. »
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