Donald Trump inspiré par saint Thomas d’Aquin
Dans le droit de la guerre on distingue le droit de la guerre (le jus ad bellum) – la légitimité pour un pays de déclencher une opération armée – et le droit dans la guerre (le jus in bello), le droit de mener telle ou telle opération. Lorsque le chef iranien considère que la voie diplomatique est définitivement fermée, c’est qu’on se rapproche dangereusement du deuxième niveau. Mais, déjà, le recours par Donald Trump au concept de proportionnalité, sous des dehors de considérations morales, signait l’entrée dans ce stade.
Ce concept découle en effet de la théorie du “double-effet” élaborée au XIIIe siècle par Saint-Thomas: celui qui entend livrer bataille pour conserver sa vie ou se défendre d’une attaque (premier effet) peut être amené, selon l’auteur de la Somme, à tuer, non intentionnellement l’autre (second effet). Mais ajoute Saint-Thomas, il faut que l’action “soit proportionnée à la fin que l’on se propose”. Autrement dit, on peut être amené à produire un mal lorsqu’on poursuit une intention juste, mais ce mal doit être lié à une action bonne (se défendre) et le plus limité possible. Si Donald Trump est dans la ligne thomiste lorsqu’il invoque la proportionnalité, reste que chez l’auteur de la Somme, la prise en compte des dommages collatéraux de l’action était articulée à la légitimité de l’action première – l’intention d’attaquer pour se défendre.
Les limites de l’utilitarisme. Reformulée au XIXe siècle par le philosophe britannique Henry Sidgwick, le principe de la proportionnalité a conduit au rejet par tous les belligérants des dommages excessifs, contraire aux nécessités militaires. Mais dissociée d’une réflexion sur la fin de la guerre, elle tend à imposer un calcul de l’usage de la force indexé sur la seule utilité en vue de la victoire. Comme le souligne (en anglais) Michael Walzer, auteur de Guerres justes et injustes: “Nous devons faire des calculs de proportionnalité, mais ces calculs ne nous procureront pas les limites morales les plus importantes de la guerre.” Des limites qui se situent en amont et en aval: “D’abord, avant que la guerre ne commence, n’y a-t-il pas d'autres moyens de poursuivre les fins envisagées? Deuxièmement, une fois le conflit engagé, qui est responsable d’exposer les civils dans la ligne de feu?”
La guerre en Iran, pour quoi faire ? Si le principe de proportionnalité a incité Trump à se retenir de bombarder l’Iran, il serait avisé de se demander, avant que la guerre ne commence, s’il n’y a pas d’autres moyens d’agir et si la multiplication des sanctions ne conduit pas à des conséquences également dommageables pour les civils.
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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