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Politique / Populisme

Portrait de Donald Trump en Président

Cédric Enjalbert publié le 17 janvier 2017 5 min
Élu 45e président des États-Unis, Donald Trump sera investi vendredi 20 janvier 2017 après avoir prêté serment. Intellectuels et philosophes en dressent le portrait.

Un catcheur. Pour l’essayiste américain Judd Legum, Donald Trump, élu président 45e président des États-Unis le 9 novembre dernier, est avant tout un catcheur. « L’avenir rationnel du combat » politique ne l’intéresse pas. S’appuyant sur les Mythologies de Roland Barthes, il montre, dans un article initialement paru sur le site Thinkprogress, combien Trump se comporte comme un catcheur professionnel.

« Jouant sur une agressivité débridée, Trump cible ses ennemis – la Chine, les clandestins, les dirigeants de fonds spéculatifs – et s’engage à les poursuivre. Et si, en défendant sa cause, il franchit une ou deux lignes rouges, c’est encore mieux. Dans le catch, tout est dans l’énergie. Un fan de catch est moins intéressé par ce qui arrive que par le fait que quelque chose arrive. Trump l’a bien compris. Omniprésent sur les écrans, il intervient par téléphone quand il ne peut pas être devant la caméra et lorsqu’il n’est pas à la télé […]. Si l’action frénétique est suicidaire pour un boxeur, ou pour un politicien traditionnel, ce n’est pas le cas pour Trump le catcheur, qui ne se sent pas tenu à ces limites. Plus les choses deviennent folles […], plus ses partisans aiment ça. Il n’importe plus que la passion soit authentique ou non, précise Barthes. Ce que le public réclame, c’est l’image de la passion, non la passion elle-même. »


Pouvoir défait

Et c’est d’ailleurs ce qui le rendait redoutable comme candidat et le rend inquiétant comme président. C’est aussi la raison pour laquelle les Américains l’ont élu, autrement dit par passion et pour « envoyer balader l’ordre du monde », comme nous l’écrivions dans une analyse inspirée par Dostoïevski. Le vote en faveur de Trump atteste que les peuples peuvent aller contre leurs intérêts rationnels juste « pour le plaisir d’envoyer bouler le système »… lorsque ce système est moribond. Trump le démagogue l’a bien compris, lui « qui aime et comprend le pouvoir et est décidé à le conquérir avec un programme qui reprend tous les thèmes d’une certaine gauche populiste et patriotique : la lutte contre l’immigration illégale et la corruption, la hausse des impôts, la grandeur de l’Amérique. ». Pour le professeur de sciences politiques Roger Berkowitz : 

« Hannah Arendt affirme qu’une situation est révolutionnaire quand l’autorité s’est désagrégée et que le pouvoir est couché dans la rue attendant que quelqu’un s’en saisisse. Pour elle, le pouvoir signifie l’action commune, et prendre le pouvoir, c’est amener les gens à agir de concert ou à leur redonner le goût de l’action. […] Trump sait lui aussi que le pouvoir s’est défait et qu’il gît en morceaux dans la rue, et il se montre désireux de le ramasser en mobilisant un groupe bien plus décisif, la classe moyenne laborieuse qui se sent abandonnée. C’est ce qui fait son succès et c’est ce qui le rend potentiellement dangereux. »


Post-vérité

Trump démagogue et populiste a été élu sur des promesses qui s’embarrassent peu de la vérité, dans un climat politique délétère, dans lequel les partis de centre gauche ont abandonné la majorité des classes laborieuses, qui étaient pourtant leur base. Dans ce contexte, alors que ces femmes et ces hommes qui n’envisagent aucun avenir se sentent « lâchés » par les élites, « l’exigence de vérité en politique, entendue comme l’adéquation du discours à la réalité, passe au second plan par rapport aux passions et aux croyances. » Il existe un mot pour désigner ce phénomène : la « post-truth politics », une politique « post-vérité » dont Donald Trump est le parangon.

Comme le relevait l’intellectuel Moisés Naím, Trump est une figure de la « nécrophilie politique », soit « la fixation obsessionnelle sur des idées mortes » :

« Trump promet de la certitude. Il a par exemple promis que s’il était élu, il arrêterait le terrorisme. Cela n’a aucun sens d’arrêter le terrorisme. Personne n’a la formule magique. Et pourtant cette promesse a fait mouche. Trump ne fait pas des promesses excessives. Il fait des promesses dont tout le monde sait qu’elles ne marchent pas. Son programme est rempli d’idées mortes. Nous savons que les murs n’arrêtent pas les migrants. Cela ne l’empêche pas d’avoir fait de la construction d’un mur entre les États-Unis et le Mexique l’axe central de sa politique d’immigration. En réalité, la faisabilité de cette mesure ne l’intéresse pas. Et c’est là où ses adversaires sont désarmés. Trump évolue dans un régime de “vérité” qui le rend hermétique à la critique. »


Chien fou

Catcheur démagogue et populiste, incarnant la nécrophilie politique, adepte du protectionnisme défiant l’Europe, Trump est un « chien fou » menaçant l’ordre mondial pour Michael Walzer. Le philosophe précisait dans un entretien, concernant sa politique internationale :

« Nous devrions sérieusement commencer à nous inquiéter. Mais il est très difficile d’imaginer ce que Trump fera à l’étranger. Je ne peux pas croire qu’il puisse annuler l’accord sur le nucléaire iranien. Il pourrait, mais ne le fera sans doute pas, se retirer formellement de l’accord de Paris sur le climat – mais il paraît certain que les États-Unis dans les années à venir n’essaieront même pas de respecter les critères fixés à Paris. Parviendra-t-il à un accord avec Poutine, lui laissant les mains libres en Syrie et à l’est de l’Europe ? Il le pourrait bien, même s’il y aura de fortes oppositions au sein du Parti républicain. Entamera-t-il une guerre commerciale avec la Chine ? Une fois encore, il le pourrait, mais de nombreux cadres d’entreprises américains, appartenant pour beaucoup aux classes capitalistes, n’y sont pas favorables. »


Définir la menace

Imprévisible, peu sensible au régime de vérité et hermétique à la critique, jouant habillement des médias, des réseaux sociaux et avec la passion politique, Donald Trump est un symptôme spectaculaire du délitement politique mondial et de sa dérive, populiste au sens qu’en donne le politologue allemand Jean-Werner Müller dans Qu’est-ce que le populisme ? Définir enfin la menace (Premier Parallèle, 2016) : anti-élitiste, anti-pluraliste, anti-parlementariste, entretenant une communication directe avec le peuple.

Il sera investit vendredi à midi, au Capitole après avoir prêté serment, jurant « solennellement de remplir fidèlement [ses] fonctions de président des États-Unis, et, dans toute la mesure des [ses] moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des États-Unis ». Mais, pour ce trublion, ce serment a-t-il seulement un sens ? 

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