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L’“Expo City Dubai” à Dubaï (Émirats arabes unis), le 29 novembre 2023, où va se tenir la COP 28. © Wang Dongzhen/XinHua/Maxppp

Dubaï, miroir de sorcière

Sven Ortoli publié le 30 novembre 2023 3 min

« La COP 28 (“Conference of the Parties”) qui désigne la réunion annuelle de 197 États plus l’Union européenne, tous signataires de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, débute aujourd’hui à Dubaï (Émirats arabes unis). On ne pouvait rêver meilleur endroit, je le dis sans ironie, pour débattre des mesures à prendre pour atténuer les effets du réchauffement climatique. Dubaï est l’épitomé, l’abrégé, le concentré, la quintessence de ce que le XXIe siècle peut offrir de plus obscène. Je sais, ça donne envie d’y aller.

À Dubaï – je le lis sur une officine touristique –, vous pouvez faire du ski sous un dôme maintenu à -2°C, nager avec des pingouins, grimper au sommet du Burj Khalifa, le plus haut building du monde (828 m), faire du shopping au milieu des requins dans le plus grand centre commercial du monde, plonger dans une ville sous-marine en forme d’huître géante, arpenter un “Butterfly Garden” parmi 15 000 papillons, caresser un tigre (sédaté) dans un refuge pour animaux sauvages. À Dubaï, comme le vantent les guides, vous allez découvrir “la démesure”.

En quittant l’office du tourisme, vous pourrez croiser des influenceuses, des spéculateurs, des oligarques (ou leurs gardes du corps), des trafiquants de drogue, beaucoup de touristes, peu de nationaux (5% des 3 millions de Dubaïotes) et sans doute l’une ou l’autre des 45 000 “escorts” qui font de la ville la principale destination de tourisme sexuel dans le golfe Persique : comme le titrait une tribune du quotidien israélien Haaretz, je vous laisse traduire, “Visiting Dubai Is Like Standing on the Sidelines of a Gang Rape”. Quant à la condition des travailleurs migrants venus d’Inde, du Pakistan ou du Bangladesh, Amnesty International (parmi d’autres) la compare à une forme d’esclavage moderne.

Dubaï est un gigantesque parc à thème, comme dans la série dystopique Westworld, sauf que ce sont des êtres humains qui y sont traités comme des robots par d’autres êtres humains. Ajoutez que la dépendance de la ville à l’égard du dessalement endommage le golfe Persique en faisant grimper la salinité du golfe et la température des eaux côtières. Et que les Émirats arabes unis, avec 200 millions de tonnes de dioxyde de carbone en 2022, font partie des plus gros émetteurs de CO2 au monde rapporté au nombre d’habitants. Ça donne envie, vous dis-je. À tel point qu’avec 8,55 millions de visiteurs au premier semestre 2023, le tourisme (l’une des plus importantes ressources de l’émirat après le pétrole et l’immobilier) a le vent en poupe.

En quoi cette description (partielle et partiale) qualifie-t-elle l’émirat (mieux, disons, qu’un bordel géant, un abattoir industriel ou une mine de charbon) pour accueillir la COP 28 ? La raison est simple : Dubaï est un miroir de sorcière. Sa convexité renvoie la silhouette grotesque et effrayante du futur tel qu’il était fantasmé, au moins chez les heureux du monde, il y a trente ans. Avec ses contradictions, ses hypocrisies, ses mensonges, ce miroir reflète sinon ce que nous sommes, du moins de ce nous avons laissé être. Jean Baudrillard définit l’obscénité comme “le devenir réel, absolument réel, de quelque chose qui, jusque-là, était métaphorisé ou avait une dimension métaphorique”.

Dubaï est le devenir réel et obscène d’un futur anachronique. J’ignore si son spectacle va influencer les 70 000 participants de la COP 28 qui bossent depuis des mois pour tenter, règle du consensus oblige, de trouver un compromis. Mais je l’espère. Comme l’écrit le pape François dans sa récente lettre encyclique Laudate Deum, consacrée au changement climatique : “Dire qu’il n’y a rien à espérer serait un acte suicidaire qui conduirait à exposer toute l’humanité, en particulier les plus pauvres, aux pires impacts du changement climatique.” Amen. »

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