Hors-série "La Renaissance"

"Ecce homo", l’homme à corps ouvert

Martin Duru publié le 3 min

À la Renaissance, la pratique de la dissection devient courante. Expert dans le maniement du scalpel, l’anatomiste André Vésale compose en 1543 une Fabrique du corps humain aux mémorables planches illustrées où se mêlent esthétique chrétienne et danse macabre. Entrez dans la danse…

 

Paris : à la nuit tombée, un jeune homme erre dans le cimetière des Innocents, ou rôde du côté de l’imposant gibet sur la butte de Montfaucon. Il déterre des cadavres, dérobe des pendus. Ce n’est pas la nécrophilie qui l’anime, mais une intarissable soif de savoir. Celui qui se passionne ainsi pour le corps humain s’appelle André Vésale. Né à Bruxelles en 1514, il gagne la capitale française pour étudier l’anatomie. Très vite, il passe maître dans l’art d’ouvrir les corps…


La Renaissance constitue un âge d’or pour la dissection des cadavres humains, une pratique qui, contrairement à une idée reçue, ne s’est pas heurtée à une interdiction religieuse officielle. Vésale rejoint ensuite l’université de Padoue où il est nommé professeur de chirurgie. Son enseignement détonne. Avant lui, il y avait ceux qui faisaient la leçon et ceux qui maniaient le scalpel. Vésale abolit cette séparation entre les savants et les praticiens ; il opère lui-même, plongeant les mains dans les intestins et autres boîtes crâniennes – le corps comme objet de connaissance, matière à pensée. Ses séances de dissection deviennent des événements courus, et sa réputation lui permet d’obtenir des charges prestigieuses : il sera le médecin personnel de Charles Quint et du roi d’Espagne Philippe II. Il meurt en 1564 sur l’île de Zante en Grèce. Prodigue, la postérité fera de lui le père de l’anatomie moderne.

Expresso : les parcours interactifs
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