“Estar”
Langue d’origine : espagnol
C’est une curiosité de l’espagnol : deux verbes distincts permettent de dire ce qui, dans la plupart des langues européennes, s’exprime par un seul mot, « être ». Comme le résume le philosophe marocain Taha Abderrahman dans Langage et Philosophie (1979), « ser indique un état qui dure et estar un état momentané ». Ser est du côté de l’essence : « je suis un être humain, je suis français, etc. » Au contraire, estar a trait à l’accidentel qui affecte l’existence humaine : changement de lieu, changement d’état, changement d’humeur. « Je suis à Paris, je suis malade, je suis triste, etc. » La distinction entre les deux termes est sensible jusque dans leur origine latine : « Le premier est tiré de sedere (être assis) » et évoque la permanence, l’immuabilité de certaines caractéristiques. Au contraire, « le second dérive de stare qui signifie “se tenir debout” », prêt à se mettre en mouvement, à s’embarquer sur les flots incertains du devenir. La tradition philosophique, écrite dans des langues qui méconnaissent cette différence, a eu tendance à valoriser dans l’être la fixité et la sécurité du premier sens au détriment de l’indétermination du second. L’espagnol invite, lui, par le détour d’un auxiliaire anodin, à reconnaître l’importance des contingences qui, si elles ne nous définissent pas, n’en constituent pas moins le sel imprévisible de la vie.
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