Et si l’on mettait le monde sauvage à l’abri ?
Sanctuariser, conserver ou reconstituer : la chercheuse en philosophie de l’environnement Virginie Maris et le spécialiste Clément Roche nous expliquent les logiques à l’œuvre quand il s’agit de prendre soin des milieux naturels.
Avez-vous déjà vu le monde sauvage ? En entendant ce mot surgit un imaginaire lointain, celui des grands fauves et des loups aux yeux sombres, des forêts luxuriantes et du fond de l’océan – tout ce qui, dans la nature, résiste à l’empire des humains. Alors, l’avez-vous déjà vu autre part qu’en film, cette nature rebelle ? Non, sans doute, puisque l’extension continue des activités humaines, l’industrialisation et la massification agricole, notamment, ont drastiquement réduit ses possibilités d’existence. Seules survivent les espèces qui s’accommodent de la présence humaine. Selon l’édition 2022 de la Liste rouge mondiale de l’Union internationale pour la conservation de la nature, sur près de 150 000 espèces animales et végétales, 41 459 sont menacées.
Faute de réussir à enrayer assez vite la chute de la biodiversité, une idée qui fait son chemin est celle de mettre une partie du monde à l’abri. C’est l’ambition qui anime les mouvements de conservation de la nature, dont l’exemple français le plus connu est celui des parcs nationaux. Pilotés par l’Office national de la biodiversité, il y en a onze à travers la France, les deux premiers datant de 1963 : la Vanoise dans les Alpes et Port-Cros, un archipel d’îles de la Côte d’Azur. Les parcs nationaux sont construits sur un modèle de cercles concentriques : une large « zone d’adhésion » (souvent habitée par des humains, avec de l’agriculture et même des activités saisonnières comme le ski) qui entoure « un cœur de parc », où la vie sauvage peut reprendre ses droits. Pour se faire une idée, la « zone cœur » de la Vanoise représente un peu plus de 50 000 hectares, et celle de Port-Cros un peu moins de 5 000. Ces cœurs de parcs relèvent de ce qu’on appelle « la protection forte » : l’humain n’y est que de passage, il a l’interdiction d’y camper ou d’y faire des feux, mais peut bivouaquer, c’est-à-dire planter sa tente pour la nuit. La règle est de s’y comporter comme le visiteur d’un temple : interdiction d’y prélever quoi que ce soit, ni par la chasse ni par la cueillette, et obligation de repartir sans laisser de trace. Actuellement, 1,4 % du territoire français est en « protection forte ».
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