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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Francis Wolff en 2017 © Audoin Desforges

Francis Wolff : “Nous, humains, ne savons plus trop qui nous sommes”

Martin Duru publié le 25 octobre 2017 16 min

Cet héritier des penseurs de l’Antiquité ne jure que par la raison pour comprendre notre expérience du monde. Passionné de musique, il cherche aussi à refonder l’humanisme, en proposant une véritable utopie cosmopolitique.

Paris, non loin de la gare du Nord. On déambule un moment dans le quartier tamoul de la capitale, avec ses artères pleines de vie et ses enseignes bariolées. C’est ici que nous reçoit, à son domicile, un fervent défenseur du cosmopolitisme, humaniste jusqu’à la moelle. Dans un bureau à l’imposante bibliothèque, on oublie vite l’agitation extérieure ; la pensée de Francis Wolff imprime son style, son allant caractéristique : « distinguons deux choses », « cette thèse, je crois, peut être démontrée », « prenons des exemples ». Voici un philosophe qui ne jure que par la clarté et l’argumentation du propos. Qui repart toujours de la base, les questions « Qu’est-ce que ? » et « Pourquoi ? », viatiques de la rigueur conceptuelle. Qui, dans la lignée des Grecs qu’il vénère, ne se revendique au final que d’une seule chose : la raison. Quoi ? On la croyait disqualifiée, dépassée, has been. C’est tout le sel de l’histoire : Francis Wolff a été formé à l’École normale supérieure (ENS), qui a vu passer les Foucault et les Derrida. Or c’est en partie contre le postmodernisme et la déconstruction qu’il a tourné son travail, et ce sur les lieux du « crime » : il a été professeur, directeur adjoint, puis directeur du département de philosophie de l’ENS. Aujourd’hui professeur émérite de la noble maison, il ne transige toujours pas sur l’exigence de rationalité. Mais sans dogmatisme aucun. Francis Wolff n’a rien d’un gourou ni d’un maître sectaire ; c’est plutôt un éclaireur et un passeur, toujours partant pour la confrontation serrée des idées. Et si tout cela paraît (un brin) sérieux, ajoutons ceci : déjà, l’homme est d’une grande amabilité et un amateur de bonne chère ; ensuite, s’il a bâti une métaphysique exigeante, inspirant toute une nouvelle génération de penseurs, il s’empare aussi de sujets plus « chauds », brûlants même. Il a écrit sur la musique ou l’amour. Il tente de cerner le propre de l’homme, critiquant aussi bien le transhumanisme que les éthiques animales – notamment dans Trois Utopies contemporaines, son dernier livre qui vient de paraître. Alors, convainquant, voire enthousiasmant, le pari wolffien de la raison ? Voyons voir.

Francis Wolff en 7 dates

  • 1950 Naît à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne)
  • 1958 Découvre le piano
  • 1971 Entre à l’École normale supérieure
  • 1980 Enseigne pendant quatre ans la philosophie antique à São Paulo (Brésil)
  • 2000 Est nommé directeur adjoint de l’ENS, dont il deviendra aussi directeur du département de philosophie (2004-2007)
  • 2016 Obtient le prix Bristol des Lumières pour Il n’y a pas d’amour parfait
  • 2017 Signe Trois Utopies contemporaines

Vous êtes professeur émérite à l’École normale supérieure, auteur d’une dizaine d’ouvrages. Quel a été votre parcours ?

Francis Wolff : Je viens d’un milieu modeste. Mes parents étaient marchands de journaux à Puteaux. Ils étaient juifs allemands, rescapés du génocide. Par un concours de circonstances ils ont échappé aux rafles, ce qui n’a pas été le cas de mes grands-parents maternels. Mon grand-père paternel, resté vivre en Allemagne, a lui aussi été déporté à Auschwitz. Je m’en tiendrai là. Forcément, ce souvenir a marqué mon enfance, qui fut malgré tout heureuse. Mes parents avaient, pour leurs enfants, une croyance très forte dans l’intégration et le salut par l’école républicaine.

 

Vous entrez à l’ENS en 1971. Quelles grandes figures y avez-vous côtoyées ?

Le maître des lieux, à l’époque, était Louis Althusser. Marxiste, proche des structuralistes, il jouissait d’un prestige considérable, y compris à l’étranger. Autant sa plume et sa pensée étaient acérées, dogmatiques, autant l’homme était d’une extrême bienveillance. Lorsqu’on se sentait mal, on pouvait toujours toquer à sa porte – alors que lui-même traversait de graves phases de dépression l’obligeant à être fréquemment hospitalisé. Sinon, l’étoile montante était Jacques Derrida, dont nous ne suivions guère le séminaire. J’avoue n’avoir jamais accroché avec sa pensée. Derrida lisait les textes comme des symptômes (d’une époque, de la fin de la métaphysique) ; moi, ce qui m’intéressait et m’intéresse toujours, c’est de savoir si ces textes disent vrai.

 

Votre carrière à peine entamée, vous partez enseigner au Brésil. Comment cela s’est-il passé ?

Par l’entremise du philosophe Gérard Lebrun [1930-1999], j’ai obtenu en 1980 une chaire de philosophie antique à l’Université de São Paulo. Dans ces années, le Brésil était encore une destination « exotique »… Je me souviens avoir été frappé par l’extraordinaire francophilie des collègues philosophes autant que par le caractère déjà vétuste du centre de São Paulo – mais on le sait depuis Lévi-­Strauss, les tropiques ne sont pas toujours gais. La période était passionnante : la dictature militaire touchait à sa fin, et peu avant mon départ, en 1984, j’ai assisté à d’immenses manifestations réclamant l’établissement d’un régime démocratique. « Démocratie », on ne parlait que de ça, à la fac, dans la rue, etc. Je retourne depuis lors chaque année au Brésil, qui est devenu mon deuxième pays.

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