Georges Faraklas : « Syriza est le parti le plus proeuropéen de Grèce »
La formation d’Aléxis Tsípras a remporté les élections législatives en Grèce le 25 janvier dernier. Faut-il y voir la menace d’une désintégration ou un nouvel élan pour l’Union européenne ? Réponses engagées avec le philosophe Georges Faraklas.
Syriza fait-il courir à la Grèce le risque de sortir de l’Europe ?
Georges Faraklas : Non, car ce parti, né en 2004, est certainement le plus proeuropéen de Grèce. La gauche grecque, dans laquelle s’inscrit Syriza, considère l’Europe comme garante de la démocratie. C’est en effet le retour à la démocratie après la dictature des colonels [1967-1974], qui a permis l’adhésion à la Communauté européenne en 1981. Dans l’esprit des Grecs, démocratie et Europe sont indissociables.
On accuse Syriza d’être populiste. Or ce sont le parti socialiste grec [Pasok] et le parti conservateur Nouvelle Démocratie qui le sont. Alors qu’ils étaient au pouvoir, ils ont mis en place un système clientéliste et corrompu, donnant aux Grecs l’impression que seul le gain les motivait. Par ailleurs, ces deux partis tiennent un discours nationaliste sur la grandeur de la Grèce et le « péril Turc ». Syriza, par contraste, est trop jeune et éloigné du pouvoir pour s’être sali les mains dans les réseaux de corruption. Et il est profondément antinationaliste. Son combat consiste d’abord à défendre les minorités opprimées – pauvres, étrangers, femmes, homosexuels, etc. Dans un pays où les gouvernants doivent prêter serment sur l’Évangile, le fait que 36 % des électeurs votent pour un tel parti est déjà exceptionnel.
Quant à la dette, la position officielle n’est pas l’annulation mais la négociation. Une partie de la dette est due, en effet, uniquement aux intérêts sur la dette. L’État grec gagne de l’argent. Mais le système fiscal est complètement aberrant. Un énorme effort est demandé aux classes moyennes et aux fonctionnaires, alors que l’Église orthodoxe ou les armateurs restent protégés. Ce que propose Syriza dans ce domaine n’est qu’une normalisation devant amener à une situation similaire à l’imposition française.
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