Hannah Arendt, l’apatride
« Passagère sur le navire du XXe siècle », selon les mots de Hans Jonas, nul ne sait quel chemin Hannah Arendt se serait frayée en philosophie sans l’irruption de l’histoire dans sa vie. Loin d’être une « professionnelle de la pensée », c’est au croisement de sa biographie et de la configuration du monde dont elle fut un témoin engagé que son œuvre et ses interrogations se déploient. « Je crois, écrit-elle dans la préface à La Crise de la culture, que la pensée comme telle naît des événements de l’expérience de notre vie et doit leur demeurer liée comme aux seuls repères auxquels elle puisse s’attacher. » Sous sa plume de polémiste s’embraseront des controverses multiples, et aucun des moments décisifs pour la condition de l’homme moderne – révolutions, antisémitisme, impérialisme, totalitarisme, crise de l’autorité et de la tradition – n’échappera à son souci de « comprendre ».
Hannah Arendt est née le 14 octobre 1906 à Linden, près de Hanovre, en Allemagne, dans une famille juive allemande laïque et progressiste. Élève brillante, la philosophie « s’impose » à elle dès l’adolescence. À 15 ans, la jeune femme organise un cercle d’étude avec ses amis. Elle découvre Søren Kierkegaard, lit Emmanuel Kant et entreprend, trois ans plus tard, des études de philosophie et de théologie. À l’université de Marburg tout d’abord, où elle côtoie un autre étudiant juif, Hans Jonas, et fait la connaissance d’un jeune professeur, Martin Heidegger, dont la pensée exercera sur elle une grande « fascination ». Mais en mai 1933, après la victoire de Hitler, Heidegger adhère au parti national-socialiste et accepte le poste de recteur de l’université de Fribourg, dont il démissionne en 1934. Si Hannah Arendt ne lui pardonne jamais sa compromission avec le régime nazi, ni sa défense confuse d’après-guerre – « rien que des mensonges insensés, avec une teinte nettement pathologique » –, elle renoue pourtant avec lui dès la fin des années 1940. Elle cherche sa vie durant le sens d’une telle « bêtise » et construit son œuvre en relation critique, bien qu’étroite, avec celle de son maître.
À l’occasion de la publication du Cahier de l’Herne consacré à Hannah Arendt et dirigé par Martine Leibovici et Aurore Mréjen, nous publions avec…
Fascisme, nazisme, stalinisme : pour affronter les trois monstres du XXe siècle, il a fallu forger un mot nouveau, le totalitarisme. L’historien Enzo Traverso retrace le parcours, mais aussi les usages et les malentendus de ce…
Avec la révolution copernicienne, l’homme entame un parcours qui le mènera jusqu’à la conquête de l’espace. Mais gagne-t-on à regarder l’humanité…
À l’occasion de la publication du Cahier de l’Herne consacré à Hannah Arendt et dirigé par Martine Leibovici et Aurore Mréjen, nous publions avec…
La biographie de Daniel Cohn-Bendit est liée à celle de la théoricienne du totalitarisme. Ses parents ont connu Hannah Arendt en France pendant la guerre et sont toujours restés proches d’elle. Leur fils cadet, né en 1945, retrace ses…
Aucun philosophe n’a été plus habité par la passion de comprendre son siècle, le XXe siècle – et pourtant c’est de notre XXIe siècle qu’elle parle…
À l’occasion de la publication du Cahier de l’Herne consacré à Hannah Arendt et dirigé par Martine Leibovici et Aurore Mréjen, nous publions avec…
Günther Anders le reconnaît, il n’est pas très loyal dans cette Bataille des cerises conçu comme un dialogue fictif avec Hannah Arendt, à laquelle il a été marié de 1929 à 1937. Il se donne le beau rôle, puisque ses Dialogues avec…