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L’acteur Hugh Grant, le 26 mars 2023 à Los Angeles (États-Unis). © Xavier Collin/Image Press Agency/NurPhoto/AFP
 

Éros sur le divan

Hugh Grant, Barthes et la beauté du mensonge romantique

Clara Degiovanni publié le 12 avril 2023 3 min

L’acteur Hugh Grant le dit lui-même : les comédies romantiques sont « un bon gros mensonge ». Mais ce mensonge ne fait-il pas partie des relations amoureuses elles-mêmes ?

 

  • Les comédies romantiques nous mentent. Si l’on en tournait de nos jours, « elles débuteraient avec des avocats pour le divorce ». Rien de très surprenant dans cette allégation, si ce n’est qu’elle est prononcée par le grand héros des films d’amour : le Britannique Hugh Grant. L’acteur de classiques du genre comme Coup de foudre à Notting Hill (1999), Quatre Mariages et un enterrement (1994) ou Love Actually (2003) s’attaque donc à un mythe dont tout le monde se doutait bien qu’il était bancal : celui du romantisme traditionnel et hétérocentré à l’eau-de-rose, sur fond de villa de luxe, de bouquets de fleurs et de petits malentendus pas si graves, clôturé par un happy-end à l’anglo-saxonne. Grant, qui concède pourtant avoir « bâti toute sa carrière et construit sa fortune » sur ce genre de films, l’a très bien compris : il est de bon ton de fustiger ces comédies mièvres et toutes un peu identiques sur le plan scénaristique.
  • Malgré tout, ce mensonge des comédies romantiques semble avoir infusé dans notre manière de concevoir les relations. Qui, par exemple, n’a jamais proféré une phrase typique des rom-coms, au tout début d’une idylle ? De même, qui n’a jamais été saisi par l’étrange impression de reproduire le script d’un film, tant les répliques et les critiques s’enchaînent de manière mécanique et attendue ? Cet étrange réflexe permet non seulement d’expliquer le succès massif de ces longs métrages, mais aussi d’éclairer un aspect du fonctionnement des relations amoureuses.
  • Scénariser nos histoires de cœur comme s’il s’agissait d’un film romantique peut contribuer à nourrir et à sublimer les histoires d’amour. Pour Roland Barthes, il s’agit même d’un réflexe tout à fait naturel. « Je crois que le fait amoureux est un “épisode” », écrit-il dans ses Fragments d’un discours amoureux (1977). Une histoire d’amour est donc selon lui composée d’un florilège de « scènes » comme le coup de foudre, la première fois, ou encore, la première dispute. Pour le philosophe, tous ces moments-clés de la vie amoureuses sont reconstitués après-coup par le couple. Au fil de la relation, les membres du duo précisent les détails passés inaperçus, effacent ceux qui semblent inutiles, rajoutent du rythme pour combler les périodes creuses… Bref, ils se re-racontent l’histoire pour en faire un film romantique et romanesque, digne d’être diffusé autour d’eux.
  • Toute histoire d’amour, au fil du temps, se transforme donc en scénario, que l’on peut raconter à l’envi aux amis ou aux enfants souhaitant connaître la genèse de la rencontre. Intrigues, rebondissement, descriptions minutieuses : les amants mettent parfois en place un arsenal narratif, pour offrir une dimension haletante et cinématographique à leur histoire. Barthes prend l’exemple d’un coup de foudre qui le traverse lorsqu’il aperçoit une personne « à travers une vitre d’auto ». Celle-ci se déplace « comme un objectif », qu’il parvient à suivre du regard et à « figer », par la simple force « de son désir ». Le mouvement de son regard embrasse ainsi le mouvement d’une caméra. Cet épisode inaugural signera le début de l’histoire. Il permettra de nourrir, longtemps après, le film romantique de la relation amoureuse.
  • Envisager ses relations amoureuses comme les épisodes d’une comédie romantiques permet non seulement de les faire durer, mais aussi d’en montrer la dimension quasi miraculeuse. Lorsque je repense à la première fois où j’ai rencontré mon grand amour, « je crée rétrospectivement un hasard », écrit Barthes. J’efface toutes les raisons qui ont permis cette rencontre, pour en montrer le caractère profondément fortuit. Dès lors, poursuit le philosophe, « je ne cesse de m’étonner d’avoir eu cette chance : rencontrer ce qui va à mon désir ». Je crée ainsi du mouvement, de la surprise à l’intérieur de mon histoire d’amour. « Toute la scène reconstruite opère comme le montage somptueux d’une ignorance », poursuit l’auteur des Fragments… Autrement dit, aimer consiste à s’auto-étonner, à créer, de toutes pièces, les conditions de ce que Barthes appelle le « ravissement amoureux ».
  • Il existe donc une forme de mensonge et de scénarisation inhérente à toutes les histoires d’amour. Les rom-coms ne font que renforcer cette dimension fictionnelle, qui appartient en propre à la mécanique des rapports amoureux. On peut dénoncer et déconstruire ce mensonge éhonté – et cousu de fil blanc – avec Hugh Grant… Ou choisir de s’en délecter jusqu’au ravissement avec Barthes.
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