Ingemar Linden : “Je suis un abolitionniste de la mort”
Pour Ingemar Linden, professeur à l’université de New York qui vient de publier The Case Against Death (MIT Press, 2022), la science devrait bientôt nous permettre de vivre considérablement plus longtemps tout en restant en bonne santé. Aussi est-il temps, selon lui, de se défaire de l’idée que la mort serait constitutive de la définition de la condition humaine. Philosopher consisterait non plus à apprendre à mourir mais à vivre plus longtemps, ou pour toujours… Sérieusement ?
La proposition peut sembler loufoque. Et pourtant Ingemar Linden est très sérieux. Dans son essai, Plainte contre la mort (The Case Against Death), paru récemment au MIT Press, il propose d’accompagner les progrès scientifiques qui devraient, selon lui, nous permettre de prolonger la vie, d’un plaidoyer philosophique contre la mort. « La vie est belle, et nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour résister à la fin », écrit-il ainsi. Surtout, il invite à surmonter les pensées des défenseurs de la mort qui en font un élément constitutif de la condition humaine.
Une philosophie polémique
S’il était possible de vivre, en bonne santé, jusqu’à 120, 200, 1 000 ans ou indéfiniment, cela serait-il désirable ? Pour le philosophe, la réponse est claire : à moins qu’il existe une bonne vie après la mort, mourir est atroce et accablant. « Je suis un abolitionniste de la mort et un prolongéviste de la vie », affirme-t-il. Ce n’est pas l'état de mort qui rend la mort intrinsèquement mauvaise, car « le cadavre ne souffre pas », mais l’annihilation d’une potentielle vie, riche d’expériences nouvelles. La mort est mauvaise simplement car elle nous prive de la vie. Cette fin « diabolique » est aussi détestable car elle nous prive de notre autonomie ; « il n’existe pas plus grande violation de notre liberté que de cesser d’exister ».
L’argumentaire de Lindén contre le trépas repose sur une hypothèse : la mort constitue l’irrévocable fin. Le philosophe n’est en rien contre la possibilité de la vie après la mort ; si l’acceptation de la mort est fondée sur cette croyance, cela est légitime. Mais pas si elle est, comme il l’entend, synonyme d’extinction ou de finalité.
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