« Je préfère commettre une injustice que de tolérer un désordre » Goethe, le Siège de Mayence
Non, l’écrivain allemand n’a jamais prétendu que tous les moyens étaient bons pour imposer l’ordre. Il est même tout le contraire d’un réactionnaire. Pour comprendre sa déclaration, il faut la resituer dans son contexte.
Cette phrase est souvent citée en abrégé : « Mieux vaut une injustice qu’un désordre. » Maurice Barrès aurait apparemment acquiescé. Les amis de Dreyfus, expliquait-il, créent le désordre en injuriant l’armée et la patrie. L’écrivain en tirait cette terrifiante conclusion : « Quand bien même leur client serait innocent, ils demeureraient des criminels. » Goethe aurait-il lui aussi préféré la condamnation d’un innocent (une injustice) à une mise en question des autorités (un désordre) ?
Goethe en six dates
- 1749 Naissance à Francfort.
- 1774 Parution des Souffrances du jeune Werther.
- 1776 Début de sa liaison et de sa prolifique correspondance avec Charlotte de Stein.
- 1794 Début de son amitié avec Schiller.
- 1809 Parution des Affinités électives.
- 1832 Mort à Weimar.
En mai 1793, les troupes du duché de Weimar participent, avec les Prussiens, au siège de la ville de Mayence, alors sous domination républicaine française. De même qu’à Valmy, Goethe est dans la suite du duc de Weimar. Après un siège de plus d’un mois et d’intenses bombardements, la garnison française accepte de se rendre, à condition que la sécurité de tous les républicains soit assurée. Un accord est conclu. Le 24 juillet, Goethe assiste au départ des troupes françaises, en compagnie d’un ami écossais, un certain Gore. De la villa réquisitionnée par le duc de Saxe-Weimar, ils peuvent tout observer. La cavalerie prussienne est en tête du cortège, suivie par la garnison française, par une « colonne de Marseillais », puis par les troupes -régulières, enfin par les chasseurs à cheval. Tous s’avancent en silence lorsque soudain une fanfare entame La Marseillaise, sur un tempo très lent, en accord avec le pas des -chevaux. Une foule d’habitants se masse le long de la chaussée. Elle a soif de vengeance à l’égard des Français, qui ont pillé la ville, mais surtout à l’égard des Allemands qui ont collaboré, les Allemands « clubistes » (jacobins). Certains sont brutalisés.
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
Si, étymologiquement, la justice et le droit sont très proches (jus, juris, qui donne l’adjectif « juridique »), la justice est aussi une catégorie morale et même, chez les anciens, une vertu. Nous pouvons tous être révoltés…
Subir l’injustice plutôt que la commettre ? Telle est la question socratique qui anime Une vie cachée (en salles le 11 décembre), le dernier…
Vaut-il mieux commettre l’injustice ou la subir ? La controverse est aussi vieille que la philosophie. Jean-François Mattéi et Frédéric Schiffter…
Alain Supiot a récemment publié deux livres importants, La Justice au travail (Seuil, Libelle) et Lettres à l’auteur des lettres persanes (édition…
Si le conflit armé est un pur rapport de force, on voit mal comment il pourrait être conciliable avec l’harmonie de la vie sociale que vise la…
Les démocraties peuvent-elles lutter contre l’intolérance sans enfreindre leurs principes ? La réponse de Karl Popper.
Rony Brauman, ex-président de Médecins sans frontières et coauteur du film Un spécialiste, basé sur les images d’archives du procès Eichmann, dialogue avec la philosophe Isabelle Delpla, qui a notamment étudié l’action de la…
Et si l’hypothèse communiste s’apparentait à une Idée platonicienne ? C’est la question que pose le célèbre philosophe, auteur de “L’Être et l’Événement”. À ses yeux, la philosophie de Platon est le lieu d’un débat sur la justice qui…