La morale est-elle soluble dans le nombre ?
Alors que l’humanité vient de passer le cap des 8 milliards d’individus, on peut se demander, avec l’écrivain polonais Witold Gombrowicz, comment le sens de l’existence est affecté par ces ordres de grandeur.
Selon les estimations des Nations unies, l’humanité vient de passer le cap des 8 milliards d’humains en novembre 2022. C’est évidemment très modeste par rapport à la population des fourmis, estimée à 20 millions de milliards d’individus, ou encore à celle des nématodes, soit des vers, qui détiennent le record absolu puisqu’ils seraient 440 milliards de milliards dans les sols et les océans de la Terre… Cependant, une question mérite d’être posée : savoir que nous sommes 8 milliards d’humains est-il éthiquement neutre, indifférent, ou bien est-ce que cela affecte de quelque manière notre position dans le monde ?
L’écrivain polonais Witold Gombrowicz a proposé une réflexion originale sur le sujet dans son Journal : « Démocrite… combien ? Mettons : Démocrite, 400000. Saint François d’Assise, 50 000 000… Brahms, 1 000 000 000. Gombrowicz, 2 500 000 000. » Dans cette citation, les chiffres placés juste après les noms propres représentent l’« horizon humain » de chacun, c’est-à-dire le nombre d’humains qu’il estimait exister. Aujourd’hui, grâce au progrès des recensements et aux rapports des Nations unies, nous avons des chiffres que nous pouvons supposer assez fiables – mais du temps de Démocrite ou de saint François d’Assise, avant la découverte de l’Amérique et les voyages intercontinentaux, il n’y avait guère que de vagues suppositions. « Si je suis un parmi deux milliards, soutient Gombrowicz, ce n’est pas la même chose que si j’étais un parmi deux cent mille. » À mesure que mon horizon humain s’élargit, en effet, je vis une dilution de mon importance relative.
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