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(cc) Unsplash / Andreas Rønningen

Le couple, matière extensible

Irène Théry, propos recueillis par Catherine Portevin publié le 09 juillet 2012 3 min

Selon la sociologue Irène Théry, chacun peut choisir sa façon de vivre à deux. C’est pourquoi, le couple redevient un idéal. À condition de parer au risque de l’abandon avec une bonne dose de… camaraderie.

Que signifie « vivre à deux » aujourd’hui ?

Irène Théry : Aujourd’hui, un couple peut être l’union de deux hommes, de deux femmes, on peut vivre à deux en étant mariés, pacsés, en union libre, on peut vivre à deux en étant ou non fidèles… La plasticité de cette valeur témoigne de sa vitalité. Autrefois, vous étiez « casé » ou célibataire, c’est-à-dire seul. N’avoir que cette alternative ne rendait ni le mariage ni le célibat très attirants. Alors qu’actuellement, puisque vivre en couple n’est plus obligatoire, et se marier encore moins, la démarche même a pris un nouvel intérêt.

Vivre seul a beaucoup changé aussi. Les trentenaires des années 2000-2010 ont vécu des périodes seuls, parfois assez longues. Souvent aussi, ils ont vécu à trois ou quatre en colocation, un phénomène qui peut se prolonger au-delà de la vie étudiante. Souvent, entre 20 et 30 ans, on protège ses histoires amoureuses en les gardant en dehors de la colocation. Avec ses « colocs », on invente de nouveaux types de relations, non sexuelles, fondées sur la camaraderie, mais avec un plus : la complicité, le jeu, la tendresse. Ces valeurs sont devenues très fortes.

 

Mais le couple lui-même s’est-il vraiment affranchi du modèle normatif d’autrefois ?

Je ne suis pas sûre que les expériences de polygamie consentie dans les communautés des années 1970 étaient moins conformistes ! Sous prétexte que la jalousie était « réactionnaire », qu’est-ce qu’on a supporté ! Ces expériences, au fond très idéologiques, n’ont pas rendu les gens heureux. Les nouvelles générations innovent autant que celles des années 1970, mais elles sont peut-être plus attentives à la fragilité : on ne veut pas souffrir, on ne veut pas se faire du mal.

 

« Vivre à deux » représente-t-il encore un idéal ?

Barack Obama tient à parler de sa femme Michelle comme de sa « best friend ». Et je trouve cela très significatif. Présenter son épouse, son amante, la mère de ses enfants comme sa « meilleure amie » est mille fois plus moderne que la présenter comme sa dulcinée, son amoureuse, sa muse. Dans les années 1960, on disait : « c’est ma femme, mais c’est quand même mon amoureuse » ; à présent, il faut dire : « c’est ma femme, c’est mon amoureuse mais attention, c’est ma meilleure copine ! » Ça, c’est moderne… Il faut dire que les risques se sont inversés. Le risque majeur d’un couple des années 1960, marié et hétérosexuel, c’était le joug conjugal : devoir rester ensemble quoi qu’il arrive. On restait par nécessité, par convention, parce que les femmes n’étaient pas autonomes et que les hommes risquaient de perdre la face ou d’être séparés des enfants. Aujourd’hui, le risque majeur n’est plus le joug conjugal mais l’abandon. Du jour au lendemain, sans l’avoir vu venir. Et quand le risque change, les modes d’y parer s’inventent. Par exemple, en valorisant l’alliance de l’amitié et de la séduction érotique. Une autre rencontre ou une aventure, on sait que cela peut arriver, mais surtout on espère qu’on sera capable d’en parler ensemble. D’où « my best friend ». La jeunesse a depuis longtemps intégré la séparation comme une composante de la vie (les moins de 35 ans en ont vécu plusieurs, ils ont souvent vu la ou les séparations de leurs parents). La valeur du compagnonnage est donc forte dans une époque où tout est sans lendemain. Mais ce qui, par-dessus tout, représente la durée, ce sont les enfants. « Vivre à deux » et avoir des enfants sont désormais deux projets distincts : l’un ne donne plus le sens de l’autre, l’un est « pour la vie », l’autre est plus précaire. C’est pourquoi les enfants sont tant investis, les parents mettant en eux toutes leurs attentes de durée.

 

Le compagnonnage à deux dans la durée, n’est-ce pas aussi un désir de norme ?

Je ne crois pas. Les couples d’aujourd’hui sont beaucoup moins fusionnels. Autrefois, un couple, c’était ce qui avec 2 ne faisait qu’1. Aujourd’hui, c’est ce qui avec 1 et 1 fait 2, ce 2 étant plus que la somme de 1 et 1, un duo, mais où chacun garde son individualité. L’époque, sur ces sujets, est passionnante et inventive. Il y a beaucoup de solitude, de ruptures, de déceptions, voire de violence, mais je n’échangerais pour rien au monde les problèmes d’aujourd’hui pour ceux d’hier.

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Article issu du magazine n°61 juillet 2012 Lire en ligne
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