Le jour de choir est arrivé
Indifférence, captation du pouvoir par quelques-uns, fossilisation républicaine : le cœur des citoyens français bat-il encore pour leur démocratie ? Une seule certitude, la réanimer réclame une véritable prise de participation.
Est-il trop tard ? La France a-t-elle rejoint, sans que nul ne s’en aperçoive, le club des post-démocraties ? C’est par ce néologisme cafardeux que des politologues et sociologues désignent nos régimes occidentaux fatigués d’eux-mêmes. Contrairement à ce qui se passe dans une dictature ou un régime autoritaire, les dirigeants d’une post-démocratie sont choisis par le peuple lors d’élections libres et sans fraudes. Les partis d’opposition s’expriment et l’alternance a lieu. L’État de droit est globalement respecté et les médias sont dans l’ensemble indépendants. Et pourtant, plus grand monde n’y croit, et de moins en moins de personnes y participent. Un sourd sentiment de trahison domine, mais il n’est suivi d’aucune action, à part quelques épisodes de protestation ou d’irritation. La France est-elle devenue une RIO, une République indifférente et oligarchique ?
Divorce à la française
Indifférente et molle, sans doute. Comme l’explique Marcel Gauchet, plus la démocratie progresse en droit et plus elle se « vide de substance » en fait (La Démocratie d’une crise à l’autre, éditions Cécile Defaut, 2007). Son succès historique contre les régimes totalitaires et son expansion mondiale depuis quelques décennies ont fini par écraser sa vitalité. Les réformes qui ont donné davantage de pouvoir à l’exécutif et l’édification de l’État-providence ont affermi la démocratie, mais l’ont en même temps rendue moins dramatique et urgente. Marianne est maintenant une vieille épouse. On préfère s’occuper de soi que d’elle. D’ailleurs, le sens même du terme de démocratie a glissé. Il ne désigne plus tant la souveraineté collective que la défense des libertés personnelles ou des droits particuliers. Cette « adversité intime » de notre régime politique se manifeste dans la désaffection électorale. Rappelons que si le taux de participation à la dernière présidentielle a été relativement élevé, il s’est effondré quelques semaines plus tard, au moment des législatives, avec 40 % d’abstention.
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