Le temps collectif
Rituels et fêtes ont rythmé les civilisations anciennes, tandis que repos hebdomadaire et vacances battent la cadence de nos sociétés modernes… Pour l’anthropologue Maurice Bloch, ces moments de rupture inscrivent l’individu dans le temps de la communauté.
Philosophie magazine : L’expérience de la temporalité vous paraît-elle relative aux diverses formes de cultures et de sociétés, ou a-t-elle un noyau universel ?
Maurice Bloch : L’être humain est naturellement conscient de l’écoulement d’un temps linéaire, au sein duquel il se transforme de la naissance à la mort. Pour casser cette représentation d’un processus irréversible, toutes les sociétés mettent en œuvre des rituels qui créent une temporalité « contrefactuelle ». Ce sont des constructions culturelles qui visent non pas à abolir le temps qui file, mais à créer des représentations de permanence de la communauté et de ses membres. Il s’agit d’inscrire l’existence individuelle et collective dans une temporalité beaucoup plus large. Par exemple, dans l’Égypte ancienne, les pharaons célébraient leur propre mort symbolique avant l’inondation du Nil, puis leur renaissance au moment de la décrue. Un tel alignement sur les cycles de la nature conférait une éternité rythmée au système politique et social. De même, les rites d’initiation, comme le baptême chrétien, représentent une mort suivie d’une renaissance : la personne rejoint une communauté spirituelle et son appartenance dure au-delà de sa vie ordinaire. Les rituels sont donc comme des jeux où les repères de l’expérience courante du temps – naissance, vie, mort – sont inversés et par-là même déniés, et où les personnes se dédoublent et acquièrent un mode d’être plus stable. Ces personnes savent bien qu’elles vont mourir un jour, mais elles font comme si elles échappaient au passage du temps. Même si elle s’exprime dans des rituels qui varient selon les cultures, cette idée d’une temporalité contrefactuelle se retrouve dans des formes similaires un peu partout.
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