Pour ou contre

Le tourisme solidaire, entre bonnes intentions et faux-semblants

Claude Hannoun, Nadège Chabloz, propos recueillis par Virginie François publié le 3 min

Depuis les années 1990, le tourisme solidaire offre une alternative au tourisme de masse, en proposant des séjours fondés sur l’échange, la rencontre, le respect de l’environnement et des cultures. Plus chers, ces voyages visent aussi à aider au développement des pays pauvres. Une belle idée qui ne fait pourtant pas l’unanimité.

POUR. Claude Hannoun ancien chercheur à l’Institut Pasteur et président de Tourisme et développement solidaires (TDS), une association implantée dans six villages au Burkina Faso et au Bénin.

« Le tourisme de masse exploite les pays pauvres, dans la mesure où les bénéfices -générés par les structures hôtelières ou la restauration reviennent aux pays riches. Dans le tourisme solidaire, à l’exception du transport, on fait tout avec des structures locales », tempête Claude Hannoun, président de Tourisme et développement solidaires (TDS). Pour 1 200 euros environ, dont une part est reversée aux populations autochtones, cette association propose des séjours de douze jours à des groupes de six à douze personnes. Le touriste achète un voyage, mais participe aussi activement au développement local. Il découvre dans l’action une région et sa population. Il profite du confort du voyage organisé sans retomber dans le tourisme de masse, avec chaînes hôtelières, buffets exotiques et domestiques souriants. La manne touristique est ainsi redistribuée de manière plus équilibrée, sur le modèle du commerce équitable. Sur le plan moral, le tourisme solidaire permet aux Occidentaux qui visitent les pays pauvres de régler leurs comptes avec une forme de mauvaise conscience héritée du colonialisme. Pour être labellisé TDS, chaque village doit avoir un projet de développement. « Le tourisme solidaire est fondé sur un rapport équilibré entre partenaires et non sur la domination », note Claude Hannoun. Il ne s’agit pas de charité. Et de conclure : « Cette forme de tourisme est un mouvement humaniste en ce qu’il vise à favoriser les échanges, mais il est aussi économique, car il participe au développement des pays qui en ont besoin. »

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