L’humain, une espèce sans limites ?
Au musée de l’Homme, l’exposition « Aux frontières de l’humain » met en lumière la pluralité de définitions possibles de ce qu’est un être humain. Le philosophe Thierry Hoquet, professeur à Nanterre et auteur notamment du livre Les Presque-Humains (Seuil, 2021), a visité cette exposition pour nous. Récit.
Dans le dialogue du Politique, Platon proposa de diviser les bipèdes selon qu’ils ont ou non des plumes. À cette manière d’isoler l’humain par dichotomie, Diogène le cynique aurait répondu en jetant un coq déplumé dans l’arène philosophique. L’humain ne serait-il alors qu’un oiseau à la peau nue ?
Vous rencontrerez la question si vous visitez le musée de l’Homme, à Paris. Dans l’exposition « Aux frontières de l’humain », Homo sapiens est pris comme objet d’étude mais paraît bien impossible à définir : sa relation aux autres animaux, et particulièrement aux primates, suscite d’emblée sur sa nature une inquiétude. Celle-ci est encore accrue par la traversée des différentes espèces hominines antérieures à Homo sapiens ou par l’étude biologique des humains actuels : la génétique des populations nous a accoutumé à penser que chaque individu était un mutant singulier, une individualité radicale.
À la rencontre des “presque-humains”
La diversité des cultures humaines, documentée par l’ethnographie, prolonge encore ce trouble – car les humains ne cessent de se transformer, par l’usage d’artifices, de parures ou de techniques de déformation. C’est ici que commence l’exposition « Aux frontières de l’humain », qui balaie successivement six thématiques : l’animal, le sport, le cyborg, le mutant, la mort et le milieu. Ce parcours aux frontières de l’humain nous permet de croiser ce que j’ai appelé des « presque-humains », dans un livre du même nom (Seuil, 2021).
En effet, l’humain est d’abord marqué par l’instabilité de son identité propre : créature vivante traversée par le devenir, l’humain vit dans un milieu technique et construit des mondes partagés où il fait société. Par-là, on rencontre les frontières de l’humain dans les situations suivantes : lorsque la personne, dominée par ses besoins, est animalisée et réduite à un appétit, une pulsion brute et brutale ; lorsque la personne est privée d’équipement et rendue impuissante ; lorsque la personne se voit privée de toute autonomie dans ses choix et est traitée en marionnette ; lorsque la personne se trouve en quelque sorte broyée par un devenir inexorable, incapable de s’adapter. Ces quatre figures, que j’ai nommées les Aliens, les Équipés, les Golems et les Trans, apparaissent en filigrane tout au long du parcours.
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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