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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Christophe Dejours en 2007 © Frédéric Poletti pour PM

L’œuvre d’une vie

Christophe Dejours, propos recueillis par publié le 21 mars 2013 9 min

Pour le psychanalyste Christophe Dejours, le travail est une expérience de soi et du monde irremplaçable. Il repense l’intelligence, le zèle, la reconnaissance… De bonnes raisons de se lever le matin.

Depuis trente ans, le psychiatre et psychanalyste Christophe Dejours travaille. Et se bat pour le travail : sauver le travail est plus que jamais son credo. Non pas l’emploi, non pas le salariat, non pas l’entreprise : le travail, dans son essence, comme socle anthropologique irremplaçable de la civilisation. Les chantres, plus ou moins cyniques, de la fin du travail ne sont pas ses amis.…

Dès 1998, son livre Souffrance en France (Seuil) alertait, avec un lyrisme qu’on lui a reproché, contre une nouvelle « banalité du mal » à l’œuvre dans les entreprises et les dégâts psychiques provoqués, déjà, par les logiques gestionnaires et le management par la peur. Depuis, il a su élaborer, en faisant des liens inédits entre la psychanalyse, les sciences du travail, la philosophie et une constante pratique clinique, une véritable théorie du travail qu’il énonce dans Travail vivant (2009 ; rééd. Payot, 2013). Il s’impose ainsi comme l’un des rares intellectuels contemporains à penser la centralité du travail. L’un des rares psychanalystes aussi à ne jamais s’affranchir de la réalité sociale, l’un des rares philosophes à rompre avec une tradition de pensée teintée d’aristocratie, qui méprise le travail comme aliénation. Il tient ensemble la part individuelle et collective, la théorie des pulsions de Freud et les rapports de domination de Marx. Profondément inspiré par le philosophe Michel Henry, il emprunte à sa phénoménologie de la vie absolue (« la vie est ce qui s’éprouve soi-même, rien d’autre ») sa définition de la subjectivité comme « capacité de se sentir et de s’éprouver soi-même ». Pour lui, le travail est un vrai boulot où l’on joue son identité et sa chance de se construire soi-même : l’œuvre d’une vie.

 

Grande question simple : qu’est-ce que le travail ?

Christophe Dejours : Le travail est ce par quoi je me confronte au monde, à la résistance du réel, et me transforme. Une expérience qui n’est substituable à aucune autre. C’est cette part de soi-même que l’on engage, cette intelligence que l’on ajoute aux prescriptions et aux contraintes pour que « ça marche ». Travailler, c’est toujours mobiliser son intelligence, et ceci ne concerne pas seulement le travail salarié, c’est le cas de toute activité, domestique, associative, artistique…

 

Quelle est cette intelligence au travail ?

C’est une intelligence inventive qui permet de ruser avec les règles et d’anticiper les solutions face à un réel qu’on ne maîtrise pas. Elle n’est pas fondée sur la seule cognition mais engage le corps tout entier qui va chercher ses ressources jusque dans le tréfonds de la personnalité, c’est-à-dire dans ce qui est la base de l’identité. Travailler mobilise la subjectivité tout entière et vous emporte bien au-delà du travail. Car travailler, c’est d’abord échouer et endurer l’échec dans la confrontation de son corps avec ce qui résiste, que ce soit la résistance de la matière, celle de l’objet technique, celle du malade face au médecin. C’est l’échec qui, en creux, nourrit l’intuition de la solution, et il s’éprouve par la souffrance du corps. Dans le meilleur des cas, je sors de cette expérience avec l’acquisition de nouvelles compétences, non seulement des habiletés du corps mais de nouveaux registres de sensibilité, une intelligence accrue.

Expresso : les parcours interactifs
Jusqu’où faut-il « s’aimer soi-même » ?
S'aimer soi-même est-ce être narcissique ? Bien sûr que non répondrait Rousseau. L'amour de soi est un formidable instinct de conservation. En revanche, l'amour propre est beaucoup plus pernicieux...Découvrez les détails de cette distinction décisive entre deux manières de se rapporter à soi-même.
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