Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Marcel Conche en 2012. © Jean-Bernard Nadeau/Opale

Hommage

Marcel Conche, disparition d’un enraciné

Octave Larmagnac-Matheron publié le 28 février 2022 3 min

Marcel Conche s’est éteint le 27 février. Le philosophe s’en est allé un mois avant de fêter son centenaire. Trop symbolique ? Peut-être. Disciple d’Épicure et de Montaigne, le métaphysicien athée évitait en tout cas les fétiches et les idoles – du destin à Dieu en passant par l’au-delà. « Il n’y a rien après la mort : je disparais, je m’évanouis, la vie s’arrête. » Raison de plus pour jouir de l’existence ! Joie peut-être tragique, et qui cependant ne cède rien à la déploration. Retour sur une philosophie singulière qui place la nature en son centre.

 

  • Fils d’agriculteur corrézien, orphelin de mère peu après sa naissance, Marcel Conche commence ses études dans l’enseignement supérieur à la faculté de lettres de Paris en 1944, où il a notamment Gaston Bachelard comme professeur. Il obtient, dans la foulée, une licence et un diplôme d’études supérieures en philosophie, et passe avec succès l’agrégation en 1950. Commence une carrière d’enseignant qui, de Cherbourg à Versailles en passant par Évreux et Lille, le conduit finalement à l’université Paris I, où il a pour collègues Vladimir Jankélévitch, Jacques Bouveresse ou encore Sarah Kofman. Son oeuvre riche compte notamment Orientation philosophique (Mégare, 1974), La Mort et la Pensée (Mégare, 1973) ou encore Présence de la nature (PUF, 2001).
  • Issu d’un milieu catholique, Conche développe une métaphysique profondément athée, nourrie de sa lecture des présocratiques, de Nietzsche ou encore de Heidegger, qui n’abandonne pas pour autant la question d’un au-delà de la matière, d’un absolu. Mais cet absolu n’est pas Dieu. « La nature, pour moi, c’est l’absolu », affirmait-il ainsi dans nos colonnes. Non la nature « au sens moderne », opposée « à l’histoire, à l’esprit, à la culture, à la liberté », ou réduite à la matière, mais la nature dont les Grecs eurent le pressentiment sous le nom de physis (φύσις, « ce qui croît »). « La physis grecque ne s’oppose pas à autre chose qu’elle-même. […] La physis est omni-englobante ». Elle est puissance hyperinfinie et essentiellement « créative », éternelle et en perpétuel changement, sauvage et tout à la fois créatrice, une et infiniment multiple. Elle déjoue toutes les oppositions, à commencer par celle fondatrice de l’être et du devenir : « Tout étant porte en lui la négation de lui-même, et cette négation est le temps. Rien qui soit toujours là, sinon cela même ». « La nature avance en aveugle, comme le poète, elle improvise et on ne sait ce qu’elle fait qu’après qu’elle l’a fait. »
  • Cet absolu, qui est le sujet même de toute philosophie, demeure à jamais inépuisable. C’est vers lui que tendent toutes nos paroles, toutes nos pensées, qui ne parviennent jamais à en faire le tour. Telle est la raison de l’inachèvement fondamental de toute métaphysique. « La philosophie comme métaphysique, c’est-à-dire comme tentative de trouver la vérité au sujet du tout de la réalité, ne peut pas être de la même nature qu’une science. Elle est de la nature d’un essai, non d’une possession : il y a plusieurs métaphysiques possibles, parce qu’on ne peut trancher quant à ce qui est la vérité au sujet de la façon de concevoir la totalité du réel. » La philosophie ne démontre jamais, elle ne peut que méditer ce mystère qui s’adresse au fond à tout homme. « Tout individu humain a vocation à devenir philosophe. »
  • Si la nature est la question de l’homme, c’est que « l’homme est une production de la nature », et que « la nature se dépasse elle-même dans l’homme » : « La nature a créé l’homme ; elle s’est supprimée – conservée […] dans l’homme, être libre », comme l’explique Conche dans un article de synthèse de son approche « Le naturalisme philosophique » (in : Raison présente, 2011/1). Sa loi d’airain, sa surpuissance originaire, finit pourtant par rattraper l’être humain. L’homme meurt et regagne la « fluence » anonyme de l’être devenant. Cette absorption du tout aura tout de même laissé, à Marcel Conche, un siècle d’une vie de sagesse bien remplie. En 2006 déjà, dans Avec des “si”. Journal étrange (PUF), il écrivait : « La mort, donc, vous fait d’autant plus de mal qu’elle vous prive de plus de vie. […] Si je meurs maintenant, je ne perds pas grand-chose. »
“La mort ne peut plus m’enlever ma vie” : (re)lire notre grand entretien
Expresso : les parcours interactifs
Les mots pour dire « je t'aime »
Pourquoi est-ce si difficile d'exprimer notre amour avec justesse et élégance ? Bergson nous montre que le langage lui-même peine à restituer l'immense diversité de nos sentiments.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
5 min
Adieu à Marcel Conche, un sage contemporain
André Comte-Sponville 19 mars 2022

Le philosophe Marcel Conche s’est éteint à l’âge de 99 ans le dimanche 27 février dans sa maison de Treffort-Cuisiat (Ain). André Comte…

Adieu à Marcel Conche, un sage contemporain

Entretien
10 min
Marcel Conche : “La mort ne peut plus m’enlever ma vie”
Juliette Cerf 03 octobre 2006

Marcel Conche, à l’occasion de la parution de son Journal étrange (PUF, 2006), nous a reçus chez lui, dans l’Ain. Il revient sur ses origines paysannes, son athéisme, sa conception de la nature, de la morale et sa vision de la mort…


Article
32 min
Épicure et le religieux. En réponse aux observations de Marcel Conche
Pierre Vesperini 02 février 2017

L’historien Pierre Vesperini s’attelle à une relecture radicale de l’œuvre l’enseignement d’Épicure. Marcel Conche conteste cette thèse iconoclaste, en soulignant combien son système rationnel s’inscrit contre la religion. Pierre…


Article
3 min
Marcel Conche : “Il n’y a pas de religion d’Épicure”
Victorine de Oliveira 30 novembre 2016

La théorie de Pierre Vesperini n’a pas séduit Marcel Conche, l’un des plus fins connaisseurs d’Épicure. Pour lui, si le philosophe atomiste fait preuve de piété, son système rationnel s’inscrit néanmoins contre la religion. Explications…


Article
6 min
Marcel Conche: “La philosophie m’a retenu de me précipiter dans le délire amoureux”
Catherine Portevin 25 mai 2016

À 94 ans, Marcel Conche a toutes les apparences du sage, lui qui a consacré sa vie à la recherche de la vérité et à la lecture des Grecs anciens. Mais est-ce bien normal ?


Article
1 min
Oxmo Puccino : pas de temps à perdre
Sylvain Fesson 09 janvier 2023

Longtemps, le rappeur a accouché de bonne heure ! Avant de brûler les planches dans Marcel, pièce hommage à Marcel Proust avec Françoise…

Oxmo Puccino : pas de temps à perdre

Article
2 min
“Marcel Proust. Un roman parisien” : place de la madeleine
Cédric Enjalbert 08 janvier 2022

Le musée Carnavalet-Histoire de Paris présente, pour les 150 ans de la naissance et les 100 ans de la mort de l’auteur d’À la recherche du temps…

“Marcel Proust. Un roman parisien” : place de la madeleine

Article
2 min
Mort du philosophe Marcel Hénaff
Cédric Enjalbert 21 juin 2018

Marcel Hénaff, philosophe, auteur d’essais sur l’anthropologie et sur la ville, est mort à l’âge de 75 ans.


À Lire aussi
Une éthique de l’existence
Par Martin Duru
janvier 2014
Le temps de la nature
Par Alexandre Lacroix
septembre 2012
Brigitte Bardot : « Je voudrais n’être pas née »
Par Jean-François Duval
septembre 2012
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Marcel Conche, disparition d’un enraciné
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse